21- Fascination

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C'est mercredi, à savoir le jour le plus cool de la semaine, en dehors du weekend bien sûr. C'est vrai, je commence par anglais, je finis par deux heures de sport et il n'y a pas cours l'après-midi, que demande le peuple?

Au moment de monter dans mon bus, je lâche un soupir en constatant le monde à l'intérieur. Je vais devoir passer le trajet debout on dirait. Tête baissée sur mon téléphone pour changer de musique, j'avance jusqu'à la barre centrale en métal. Je remets mon téléphone dans ma poche et me tiens dès lors que nous démarrons.

Soudain je sens quelqu'un me toucher l'épaule. Je lève les yeux au ciel avant de me retourner d'un air mal gracieux. J'aime pas quand des inconnus viennent me parler dans les transports.

Salut, me dit Thibault d'un ton calme et clair.

Qu'est-ce que tu fais là? fais-je surprise par sa présence.

Comme toi, je vais en cours.

Et ta moto?

Je l'ai pas prise puisqu'on va manger tous ensemble en sortant de cours. D'ailleurs tu viens?

Je hoche la tête pour acquiescer mais il ne dit rien. Il attend je ne sais quoi en me fixant.

Peut-être qu'on pourrait enfin songer à se faire la bise non?

Mon sourcil se lève de lui-même.

À moins que je ne t'énerve encore trop pour que tu puisses endurer ça? renchérit-il.

Je lève les yeux au ciel en souriant malgré moi.

Ça veut dire oui?

T'es sérieusement en train de me demander? Après le bisou volé d'hier matin? T'es comment niveau crédibilité?

En riant timidement il passe sa main dans sa barbe tandis que sa langue vient en même temps glisser sur sa lèvre inférieure, ce que je trouve... très déstabilisant dans la mesure ou ses yeux n'ont pas quitté les miens. Quand la chaleur envahit mes joues, je me tourne l'air de rien malgré le fait qu'il n'y ait absolument rien de plus intéressant à regarder de l'autre côté.

Le bus s'arrête pour laisser monter trois personnes. Les portes se referment et nous reprenons de la vitesse. On me touche à nouveau l'épaule; je me retourne et me voilà face à un torse. Je lève instinctivement la tête et Thibault se penche pour me faire la bise, me surprenant encore. Après ce lent échange, il ne recule pas pour autant. Son bras repose juste au-dessus de ma tête contre la barre en métal. La distance entre nous est minime, assez pour que son exaltant parfum emplisse mes narines.

Tu sais, c'est pas hyper poli de tourner le dos à la personne avec laquelle tu discutes, dit-il.

Oh, mon pauvre, tu t'es senti délaissé? fais-je en penchant la tête avec un faux semblant de peine.

Ben presque!

En tout cas t'as eu ce que tu voulais. Content?

Notre première bise après plus d'un mois qu'on se côtoie, j'dirais même que c'est une mini victoire!

Une victoire? Carrément?! répétai-je avec un sourire amusé et mon sourcil droit éternellement dressé.

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