IRL

47- Sieste revigorante

PDV LÉA

En ce premier jour de l'année, la fatigue et mon corps forment un tout. À table avec ma famille, je tente de cacher mes nombreux bâillements pour ne pas me faire réprimander par mon père. C'est compliqué. Ce qui est drôle, c'est que mon frère en face semble mener le même combat. Lui et Charlotte ont passé la nuit à faire la fête alors leur état doit être bien pire que le mien qui ai passé une soirée relativement tranquille pour un 31 décembre. C'était vraiment cool en tout cas. On faisait une belle bande tous les cinq.

Aidée de ma tante, ma mère amène le dessert sur la table. Mes petits cousins accourent vers les gâteaux. Les voir débordant d'énergie me fatigue encore plus.... Est-ce que j'étais comme ça, moi, à leur âge? Mon dieu.

Sous la table, je suis occupée à envoyer des sms. Le destinataire? Thibault.

Moi : Pourquoi est-ce que tu ne dors plus? T'es pas fatigué?!

Thibault : Si, je suis mort même. Mais j'ai aussi faim, ça m'a réveillé... Ta famille reste chez toi jusque quand?

Moi : Ils vont pas tarder à partir je crois. Pourquoi?

Thibault : Que je sache si je peux t'appeler ou pas ;)

Je souris. Mine de rien, je crois que nous sommes petit à petit en train de devenir de plus en plus inséparables... C'est fou.

Ce matin, quand j'ai dû quitter sa maison afin de revenir à temps chez moi pour le repas, je l'avoue, ça m'a saoulée de le laisser. C'est tellement nouveau pour moi ce sentiment de bien-être que j'ai du mal à m'en défaire. Paradoxalement, ça me fait quand même peur, mais pour l'instant seulement du positif ressort alors je n'essaye de ne voir que ça.

En relevant les yeux sur ce qui m'entoure, à savoir, les membres de ma famille, je me mets à songer. J'irais bien le voir cet après-midi.. mais est-ce que ça ne serait pas abusé? Enfin, je ne veux pas qu'il me voie comme un pot de colle.

À table, mon oncle se lève, suivi de sa femme. L'heure des premiers départs est arrivée, ça tombe à pique. D'autant plus que je m'ennuie toujours beaucoup à ces repas de famille. Je n'ai aucun cousin de mon âge avec qui parler, c'est hyper chiant.

Tout le monde finit par quitter la maison, et même mes parents qui sont invités à tester la nouvelle machine à café de ma tante... Ça vend du rêve! Ça m'arrange bien en tout cas. Alors que mon frère et Charlotte ne perdent pas de temps pour aller s'isoler dans leur chambre pour rattraper leurs heures de sommeil, je file enfiler des vêtements chauds. C'est décidé, je vais rejoindre Thibault chez lui. On verra bien ce qu'il en dira! J'ai envie de passer ce 1er janvier en sa compagnie...

Munie de mes écouteurs, je voyage en bus jusque chez lui. Lorsque j'arrive, je constate de suite les volets toujours fermés. Je me permets d'entrer directement dans son jardin pour aller sonner à la porte d'entrée. Je patiente, légèrement anxieuse en imaginant sa réaction en me voyant ici. Je ne sais pas s'il sera content.. Merde, c'était peut-être une mauvaise idée...

La porte s'ouvre. Thibault est là. Ses cheveux sont ébouriffés, ses yeux fins, son air, surpris.

– Léa? dit-il, confus.

– ... Je dérange?

– .. Non.. Est-ce que tout va bien?

– Oui... Je..

Ça y est, je me sens stupide. Qu'est-ce que j'ai horreur de ce sentiment, putain. Pourtant ce n'est pas compliqué à dire! Je voulais te voir! Pourquoi ces mots ne veulent-ils pas sortir de ma bouche?