24- Homework

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Thibault apparaît. Il paraît totalement décontracté dans son jogging Nike gris et son tee-shirt moulant qui, je dois le dire, le met très en valeur. Mais ce qui attire de suite mon attention, c'est la casquette à l'envers sur sa tête. Il ne me semble pas l'avoir déjà vu avec au lycée.

Les mains dans les poches, il franchit son jardin pour venir m'ouvrir en grand le portail. Étonnamment ou pas il a un sourire accueillant. Il me fait la bise lorsque je passe près de lui.

– Tu vas bien? me demande-t-il d'une voix posée.

– Ça va, merci.

Il referme son portail et m'ouvre le chemin en passant devant moi. Nous montons quatre marches avant de pouvoir accéder à l'entrée de sa maison. Il ferme la porte en silence derrière moi puis je le suis dans ce qui me semble être non pas une grande mais une immense pièce à vivre. Je suis choquée par le changement des lieux. Je suis déjà venue il y a quelques années, invitée par cette connasse d'Elisa Ardelet, et c'était complètement différent. Désormais tous les murs du rez-de-chaussée n'existent plus. Ce n'est plus qu'une immense pièce à vivre donnant sur une cuisine ouverte, à l'Américaine. Ça paraît beaucoup plus grand aujourd hui. Cette impression doit aussi être due à la couleur blanche qui règne largement. Cette clarté jongle parfaitement avec le noir et le gris; cette décoration moderne me plait bien. Et tout paraît briller tellement c'est propre. J'en reste bouche bée.

– Bienvenue, me dit Thibault en constatant mon intérêt pour son chez-lui.

– Je suis déjà venue tu sais, fais-je un petit sourire en coin.

Il hausse les sourcils, probablement surpris.

– .. Comment c'est possible?

– Il y a quelques années j'étais amie avec la fille qui vivait ici avant toi.

– Tu ne l'es plus?

– Non, mais ça c'est une autre histoire.

Il me contemple longuement et j'avoue ne pas savoir quoi faire. Nous sommes plantés là au milieu de son séjour, je me dandine d'un pied sur l'autre, les mains jointes, comme une gosse.

– Tu.. t'es seul chez toi? demandai-je soudainement.

Un petit rictus apparaît sur son visage. Heu, te fais pas de films mec... J'ai l'impression qu'il a déjà des trucs derrière la tête.. Mais je suis venue ici pour travailler. Enfin, c'est vrai que ça ne m'enchante pas plus que ça.

– Oui, pourquoi?

– Comme ça, dis-je.

– On se met là?

Il m'indique la grande table près du mur avec son menton et je lui dis en haussant les épaules que ça semble parfait, peu importe de toutes manières.

Je sors les quelques affaires que j'ai fait l'effort d'apporter et les place devant moi sur la table. J'ouvre mon livre d'histoire sans grande conviction. Je tourne les pages au hasard sans vraiment chercher quoi que ce soit. Soudain la main de Thibault atterrit à plat sur la page 113, m'empêchant alors de continuer. Je le regarde à ma gauche. Il sourit.

– T'as l'air déter, dit-il plein d'ironie.

– Comme toujours.

– T'es pas contente de bosser avec moi?

– Aucun rapport, j'aime juste pas l'histoire.

Il secoue sa tête en souriant toujours et, sa main n'ayant pas quitté mon livre, il le fait glisser jusqu'à devant lui sur la table. Le voilà qui se met à tourner les pages comme je le faisais il y a quelques secondes. À ma différence, il semble réellement porter attention aux titres de chaque chapitre. Pourtant, très vite, il s'arrête.

IRLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant