37- Malaise

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PDV THIBAULT

Un lourd silence s'est installé. Léa semble déjà regretter de m'avoir questionné au sujet de mon père, mais pour autant je ne regrette pas de lui avoir dit la vérité. Elle l'aurait su un jour.

– Ça va Léa? je demande.

– J'suis désolée, je savais pas..

– Ne t'en fais pas, je sais bien. Pas de mal.

Je fais en sorte de lui sourire et de paraître le plus détendu possible pour qu'elle ne laisse pas le malaise l'envahir davantage. On passait un bon moment, comme ceux qu'on partageait chaque soir pendant les grandes vacances. Ça m'a beaucoup trop manqué pour que je laisse "si peu" le gâcher.

Alors que j'allais reprendre la parole, je la vois tourner la tête sur sa droite. Elle demande à voix haute "C'est qui?" et, après avoir eu réponse, elle me fait signe de patienter sans bruit un instant. La seconde qui suit, elle disparait et je ne vois plus qu'un écran noir. Elle a probablement dû laisser son téléphone retourné sur son matelas.

Alors, en silence, j'attends. Le son est un peu brouillé mais je parviens à entendre quelques mots de la conversation. Je sais, c'est pas cool d'écouter, mais là ce n'est pas vraiment de ma faute! Je crois que c'est son frère. Je les entends vaguement parler de leur père, des cours, et de tensions entre je ne sais qui... Le ton du dialogue semble plus ou moins sérieux.

Dès son retour, il faut que je tente une approche pour la rassurer, lui faire comprendre qu'il n'y a pas de malaise de mon côté. J'espère juste qu'elle ne se braquera pas, elle a un caractère compliqué..

Après seulement quelques minutes, mon écran reprend vie, le visage de Léa réapparait. Celui-ci semble comme un peu plus morose, merde.

– Ça va?

– Mmh.. souffle-t-elle en hochant la tête sans grand entrain.

– C'était ton frère? Vous vous êtes embrouillés?

– Non.. Il est juste venu me dire bonne nuit.

Je sais parfaitement qu'elle me ment mais je ne la contredit pas. N'empêche que je me demande bien pourquoi est-ce qu'elle se sent obligée de me mentir.

Elle passe sa main sur son front en regardant ailleurs, puis ses yeux reviennent à moi.

– D'ailleurs, je vais aussi te dire bonne nuit. Je suis fatiguée en fait..

– .. Ok, je comprends, fais-je malgré ma déception.

– .. Bonne nuit alors, elle dit.

– .. Bonne nuit, je répète.

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, la jolie brune disparaît de nouveau; la connexion est rompue.

Fait chier!

***

PDV LÉA

En ce vendredi matin, jour suivant la rentrée, je suis ravie de commencer à 9h. Ça me permet de dormir un tout petit peu plus et comme je le dis souvent: le temps de sommeil est précieux. Je ne refuserais pas même une minute supplémentaire.

Dans le bus, je suis seule. Laura a commencé à 8h avec arts plastiques. Heureusement que c'est ce qu'elle aime sinon je la plaindrais...
À cette heure-là il y a moins de monde ce qui rend le trajet un peu plus agréable. Et par conséquent je n'ai pas été surprise de trouver pleins de places disponibles. Tête baissée sur mon téléphone, je suis assise à l'arrière du bus depuis quelques secondes, attendant que celui-ci redémarre. Chose faite, je lève les yeux sur le paysage défilant par la fenêtre. À travers mes écouteurs, l'air d'une chanson de Shawn Mendes me détend; mais le plaisir ne dure pas. Comme toujours, il faut qu'un connard vienne s'asseoir à côté de moi alors que plus de la moitié du bus est libre. Je ne comprends pas ces gens! Après avoir froncé les sourcils, je tourne la tête pour découvrir la tête du parasite en question.

IRLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant