14- Cette soirée là.

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C'est le grand soir.
J'ai absolument tout prévu pour que personne chez moi ne remarque mon absence. Je dois le dire, la tâche m'a été facilitée: Raphaël et Charlotte sont de sortie chez des amis ce soir et ils ne devraient pas rentrer avant au moins 4 ou 5h du matin, je pense. Je serai rentrée bien avant. Ça a été un vrai soulagement quand je l'ai appris car, finalement, c'est surtout d'eux dont je dois réellement me cacher. Mes parents ne montent jamais me voir dans ma chambre après le diner. Ils ne se rendront compte de rien si j'arrive à sortir discrètement, ce qui, à priori, ne devrait pas poser de soucis. Ce n'est pas la première fois que je sors de chez moi le soir sans autorisation. Ce soir, je suis donc assez sereine.

J'ai communiqué ma rue à Thibault par message privé sur twitter, ainsi que l'heure à laquelle il devra arriver. Ça a d'ailleurs été notre seul contact depuis jeudi. Nous ne nous sommes pas adressé la parole depuis que j'ai "accepté" sa proposition de m'emmener pour se faire pardonner l'histoire du ballon.

D'ailleurs, j'ai de la chance, mon oeil au beurre noir s'est bien estompé. Je vais tout de même avoir recours à du fond de teint pour le cacher mais pas autant que j'aurais pu l'imaginer.

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Face à mon miroir, je me contemple. Il est 22h30; je suis quasiment prête. En fouillant un peu, j'ai finalement trouvé une robe qui me convient assez. [voir média] Je trouve qu'elle met en valeur mes formes, j'aime bien. Avec, j'enfile une paire de bottines noires à talons moyens. Je prends également une veste en cuir noire pour me couvrir du froid pendant le trajet. Après m'être regardée une dernière fois dans le miroir, j'attrape ma pochette; je suis fin prête. Il est temps de partir.

En faisant le moins de bruit possible, j'ouvre la fenêtre de ma chambre. Celle-ci donne sur le toit de mon garage, chemin que je vais emprunter pour quitter la maison. Je ne prends pas la peine de refermer la fenêtre puisqu'en ce début de septembre les nuits sont encore assez douces. Cependant je descends tout de même le store aussi bas que mes bras, hors de la chambre, le permettent. Je franchis ensuite le toit plat du garage. Celui-ci étant remplis de cartons et de vieilles affaires, les voitures de mes parents restent toujours à l'extérieur. Elles me servent donc d'échelle! Ce soir, c'est celle de mon père garée la plus près du mur: désolée Papa! Sans hésiter une minute, je m'assois sur le rebord de la façade pour que mes pieds atteignent le toit de la Renault. Avec agilité et grande précaution je me laisse ensuite glisser pour atteindre le capot et finalement descendre. Me voilà dans la cour en un seul morceau.
Première étape réussie avec succès!

Je prends un petit temps pour épousseter ma robe avec mes mains puis je me dirige vers le grille de la cour. Heureusement celle-ci ne grince pas donc je n'ai aucun mal à sortir dans le silence. J'ai dit à Thibault de m'attendre à mon arrêt de bus afin de ne pas faire de bruit près de chez moi et risquer d'attirer l'attention de mes parents ou du voisinage. Là-bas, je constate qu'il n'est pas encore là et je soupire. Je m'assois sous l'abris pour patienter. J'espère qu'il ne m'a pas fait de faux plan!

Après une dizaine de minutes, j'entends une moto arriver. Le phare m'aveugle presque en s'approchant. Elle s'arrête devant moi; le moteur se coupe et les lumières s'éteignent. Le garçon relève la visière de son casque en se tournant vers moi. Un sourire en coin apparaît sur son visage.

Bonsoir.

T'es en retard, dis-je les jambes et les bras croisés depuis mon banc.

Excuse moi, princesse, dit-il d'un ton à la fois agaçant et mignon qui me laisse un instant sans réaction.

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