53- Papa

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Frigorifiée, j'arrive enfin dans ma rue. Une centaine de mètres me sépare maintenant de ma maison et donc de mon lit. Cette soirée fut éprouvante; je suis bien contente d'en venir à bout.

Seulement je crois halluciner lorsque mon téléphone se met à sonner. Quand je vois le nom de Thibault sur mon écran j'hésite à répondre; mais finalement je fais preuve de raison, si je peux le dire ainsi...

— Allô?

— PUTAIN LÉA OÙ EST-CE QUE T'ES?!

— Déjà tu vas arrêter de crier...

— LÀ J'AI PAS D'AUTRE CHOIX QUE DE GUEULER! JE T'AI CHERCHÉE DANS TOUTE CETTE FOUTUE BARAQUE! PAR PITIÉ NE ME DIS PAS QUE TU T'ES BARRÉE?!

– Thibault, commençai-je agacée, j'ai déjà hésité à te répondre mais j'te jure que si t'arrêtes pas de crier je raccroche direct.

J'entends le garçon soupirer lourdement au bout du fil. Quelques secondes s'écoulent durant lesquelles j'entends la fête toujours en cours, puis il reprend la parole:

— T'es où, Léa?

— J'arrive chez moi là.

— T'es rentrée comment?!

— À pieds, dis-je.

— ... T'es pas sérieuse j'espère?

— Plus que sérieuse. J'étais énervée; j'avais aucune raison de rester à la soirée.

— Et t'aurais pas pu me demander de te ramener?! Tu te rends compte du risque que tu as pris?! sa voix s'élève.

Si tu m'appelles pour me faire la leçon tu peux raccrocher. J'pense qu'on s'est assez pris la tête pour ce soir, surtout niveau idiotie, on a dépassé les records.

— Ah parce que pour toi c'est des conneries?! Mais enfin Léa tu lis les journaux de temps en temps?! T'es en tenue de soirée, alcoolisée, seule, en pleine nuit et sans aucun moyen de défense! T'aurais pu faire une mauvaise rencontre!

— Personne ne fréquente ces rues à une heure pareille.... soufflai-je en ouvrant la grille de mon jardin. Sérieusement, d'où te vient ce besoin de tout dramatiser...?

— Et toi, d'où te vient cette naïveté?! Arrête de te penser immunisée! Tu prends des risques bêtement! Putain c'est fou ça quand même! crie-t-il.

— Arrête de crier!

— Non j'arrête pas, non! J'peux pas rester calme en imaginant ma copine seule dans les rues à cette heure-là!

— T'en aurais pas fait tout un plat si je n'avais pas porté cette tenue, lançai-je. T'as été qu'un putain de macho ce soir. Tu m'aurais traitée de pute ça aurait été la même!

— Arrête de tout exagérer, tu sais très bien que c'est pas ce que je pense! C'est simplement que tous les mecs en soirée n'ont pas de bonnes intentions! Et j'ai pas confiance en eux!

— Bon, je soupire, vaut mieux qu'on en reste là. Tu me saoules Thibault. Là j'ai qu'une envie c'est d'aller me coucher.

— Appelle-moi demain, il ordonne.

— Je t'appèlerai si je le veux!

– J'te demande juste de ne pas m'ignorer pendant des jours. Tu sais que je supporte pas quand tu fais ça.

— C'est bon, fais-je pour conclure la conversation.

Je raccroche avec hâte en soupirant lourdement juste avant de recouvrir mon visage de mes mains. Soudain, en entendant des clefs dans une serrure, je sursaute, et c'est peu dire. Je crois bien que mon coeur s'arrête en voyant la porte d'entrée de ma maison s'ouvrir. L'ombre d'une carrure masculine que je connais bien se poste sur le palier.

IRLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant