56- Amour

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Je n'ai pas eu beaucoup de nouvelles de Thibault aujourd'hui. Je devrais peut-être songer à l'appeler en Facetime. En plus c'est souvent lui qui appelle le premier; ça lui fera sans doute plaisir que je prenne un peu les devants pour une fois.

Je me cale dans mon lit et lance l'appel. Il répond après trois sonneries. Son visage m'apparait excédé; il est en train de monter les escaliers de chez lui, surement pour aller s'isoler dans sa chambre.

— Je te dérange? demandai-je.

— Du tout! Au contraire, tu me sauves! fait-il en refermant sa porte derrière lui.

— Tes frères sont là?

— Ils sont TOUS là! Même les darons! Quel enfer... souffle-t-il en se laissant tomber dans son lit.

— On est dans la même panade alors! répliquai-je en ricanant.

— Ça va pas chez toi?

— Comme d'hab! Mais là c'était la merde, mon frère s'en est mêlé. Enfin je vais pas rentrer dans les détails.

— On a de sacrées familles.

— Comment elle est ta mère? je demande, soudainement curieuse.

— Attend! fait-il en se redressant. Tu permets, j'me mets à l'aise.

Il me sourit et me fait un charmant clin d'oeil avant de poser son téléphone sur son matelas. Je vois furtivement un linge traverser mon écran puis le garçon réapparait. Il est maintenant torse nu. Je ne peux contenir un petit rire.

— C'est fou ce besoin d'être tout le temps à poil!

— Ça te plait pas, bébé?

— C'est un torse quoi.

— Pff, tu dis ça parce que t'as le seum de ne pas pouvoir toucher.

Je lève les yeux au ciel.

— Ouais ça doit être ça, ironisai-je.

Il rit avant de reprendre.

— Sinon, par rapport à ta question sur ma mère.. je dirais qu'elle est gentille. Elle l'a toujours été en fait. Et elle a toujours été attentionnée et très câline, mais surtout quand j'étais petit. Maintenant il y en a beaucoup pour mes demi-frères, disons. Ça a changé.

— Pourquoi, à ton avis?

Il hausse les épaules et se gratte l'arrière de la tête avant de laisser celle-ci reposer dans la paume de sa main.

— Son remariage a été le déclencheur, m'explique-t-il. Mine de rien, je pense que la vie de princesse que lui offre mon beau-père lui est montée à la tête. Et forcement, vu que moi je suis plutôt resté simple, elle s'est rapprochée des petits bourges.

— "Bourges"? répétai-je en riant. Carrément?

Il acquiesce de la tête en gardant son sérieux, me faisant alors comprendre que ce ne sont pas seulement des mots. Je reprends mon sérieux moi aussi, sous le choc.

— Quoi, ils sont.. riches?

— C'est peu dire.

Ah. Okay. Je n'en savais rien.

— C'est d'ailleurs pour ça que je ne sais toujours pas ce qu'on fait ici, dit-il en ricanant.

— Comment ça, ici?

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