Chapitre 23

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CHAPITRE 23

La suite nuptiale

Sans répondre à son bouleversant aveu - et d'ailleurs que lui répondre qui n'eût pas paru d'une désolante platitude - il se pencha pour caresser ses lèvres d'un tendre baiser.

- Ça va mieux ? Le visage de Claire s'irradia de bonheur, et elle se redressa sur un coude pour l'embrasser à son tour avec la même douceur.

- Ça va beaucoup mieux, oui ! s'esclaffa-t-elle, secouée par un rire inattendu qui lui fit monter les larmes aux yeux. Ça n'a jamais été aussi bien, en fait. Oh, mais chez toi, on dirait que ça ne va pas du tout, du tout, mon pauvre cow-boy adoré ? Il se rendit compte qu'elle fixait une certaine partie de son anatomie, ostensiblement et douloureusement comprimée par son pantalon.

- Un peu de patience, on va s'occuper de ton affaire, murmura-t-elle en se passant la langue sur les lèvres, tel un matou devant une proie particulièrement alléchante, mimique qui eut pour effet de faire monter encore la pression dans le bas-ventre de l'homme. Si tu veux bien te relever ? Voilà, c'est un gentil garçon obéissant ça, madame ! Alors qu'il se redressait, dépliant ses genoux légèrement ankylosés, et se promettant une nouvelle fois de se remettre sérieusement au sport, elle se riait de lui dans un sabir où les mots de Français venaient suppléer aux lacunes de son anglais. Mais il en comprenait bien suffisamment pour pressentir que la suite ne lui réservait que du bon.

Bondissant sur ses pieds avec légèreté, elle entreprit de défaire les boutons de sa chemise, se contraignant à maîtriser son impatience – et celle de James, c'était bien son tour – en procédant avec une sage lenteur, lui intimant de garder au repos ses mains qui n'avaient que trop tendance à revenir s'égarer sur son corps, quitte à lui faire perdre de nouveau et trop rapidement le peu de raison qui lui restait. Constance en l'occurrence mal récompensée, car il portait un tee-shirt sous sa chemise, qu'elle aurait volontiers mis en lambeaux si le coton n'en avait été de si bonne qualité. Il lui fallut donc l'aider à l'ôter, en se hissant sur la pointe des pieds (exercice difficile sur un sol sablonneux), tant il était grand.

Il était non seulement grand, mais fort. Du moins, si elle en jugeait par ce qu'elle apercevait à la clarté lunaire. D'un doigt encore timide, elle effleura ses pectoraux puissants, recouverts d'une toison qu'elle devina être de la même couleur que sa chevelure flamboyante puis, s'enhardissant, elle les caressa de ses lèvres avant de s'attarder sur leurs pointes, comme il en avait usé avec elle. Il frémissait de manière perceptible, et elle aurait même pu jurer qu'il avait la chair de poule. Elle prolongea donc un peu le jeu, enserrant son torse entre ses bras et laissant courir ses lèvres sur sa poitrine et le haut de son ventre plat et dur comme l'acier.

Elle tressaillit : explorant son dos, ses mains avaient rencontré des boursouflures, excroissances de chair qui témoignaient de la présence de cicatrices. Que lui était-il advenu ? Elle se souvint qu'il avait pratiqué le football, et qu'il avait apparemment servi aussi dans les forces armées de son pays : était-ce alors qu'il avait récolté ces blessures ? Il lui faudrait élucider cela plus tard, mais elle avait d'autres choses, plus urgentes, à découvrir. Une chose, en fait : ce qui se dissimulait sous ce pantalon auquel elle s'attaqua, s'agenouillant de nouveau et pestant entre ses dents contre les fabricants de jeans qui avaient le mauvais goût de privilégier les boutons au détriment des fermetures éclairs, tellement plus pratiques en certaines circonstances.

James se contraignait, et cela lui en coûtait, à garder son calme, alors qu'elle s'évertuait sur la boutonnière de sa braguette en marmonnant des jurons français qu'il ne comprenait pas. Il aurait pu l'aider, mais il jouissait en même temps de ce moment : il y avait quelque chose d'indiciblement érotique dans le spectacle de cette déesse dans le plus simple appareil, prosternée à ses pieds et s'appliquant, la langue légèrement tirée, à ouvrir son pantalon. Il devinait par avance que chaque détail de cette nuit resterait, à jamais, gravé dans sa mémoire, aussi fidèlement que s'il avait filmé la scène.

Opération HadèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant