Chapitre 40

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CHAPITRE 40

L'orgueil du mâle...

Ils se dirigèrent donc tous les trois vers la cafétéria. James et Sam, qui n'en étaient pas à leur première visite, empruntaient sans hésitation les passages étroits qui séparaient les quartiers d'habitation. Cette deuxième plateforme, estima la jeune femme, paraissait plus vaste que la première, ce qui n'était pas surprenant, si une centaine de personnes y vivaient habituellement. Enfin, James poussa la porte d'une grande salle, équipée et meublée de manière classique : tables et chaises de plastique, et tout un mur occupé par le comptoir derrière lequel devaient officier, en temps ordinaire, les préposés à la nourriture. Les présentoirs étaient vides, les vitrines réfrigérées aussi, les grils éteints.

- Bon, je vais m'occuper de la cuisine. Qu'est-ce que vous voulez manger ? proposa le pilote. Ils ont de tout, ici.

James consulta du regard Claire, qui haussa les épaules.

- Fais à ton idée, Sam, nous mangerons comme toi.

- Alors, trois steaks de bison crus, ricana l'Indien, en poussant la porte qui menait vers la cuisine étincelante, qu'on apercevait au-delà des cloisons en verre.

- C'est dommage que tu ne puisses pas voir la cafétéria en activité, regretta le jeune homme : il y a trois équipes de cuisiniers, et c'est ouvert 24 heures sur 24. Pas de plats surgelés, uniquement des aliments frais, stockés dans d'immenses chambres froides.

La jeune femme posa alors la question qui lui démangeait la langue :

- Mais pourquoi n'y a-t-il pas de fenêtres ? C'est un peu triste, cet éclairage au néon.

- Tu sais, sourit James, les gens qui vivent et travaillent ici voient la mer toute la journée, jusqu'à en être écœurés. Alors, ils préfèrent avoir ça sous les yeux. Il désigna du geste les murs recouverts de papier peint représentant divers paysages : une forêt de séquoias, des sommets enneigés, des dunes s'étendant à l'infini, et même les gratte-ciel de New York... mais pas une seule perspective marine. Elle avait également remarqué que, par contraste avec les couleurs vives, notamment l'orange criard, qui dominaient l'environnement de travail, les pièces destinées au délassement des personnels étaient peintes dans des teintes pastel et apaisantes : bleu, vert, jaune pâle.

- Je comprends, murmura-t-elle, réalisant que les gens qui vivaient ici ne le faisaient qu'en raison des salaires élevés, et non par amour des espaces marins. En tout cas, elle en aurait été incapable, non pas en raison de l'eau qui les encerclait, mais à cause du vertige qui la handicapait tellement.

- La seule pièce qui comporte des fenêtres, c'est celle qui est réservée aux fumeurs. Pour éviter qu'ils s'y éternisent, peut-être, et pour l'aérer. Il est strictement interdit de fumer ailleurs, bien entendu, même dans les chambres : la sanction est le renvoi immédiat. Idem pour la consommation de drogues, ou d'alcool : mais les types trouvent toujours de nouveaux moyens d'en introduire en douce.

En dehors de la cafétéria, il y a aussi une salle commune : les techniciens s'y retrouvent pour jouer aux cartes, bavarder, ou regarder un film. Il y a également une bibliothèque, une boutique où on vend un peu de tout – sauf de l'alcool – et bien sûr un dispensaire, avec un médecin et une infirmière. On peut-même y pratiquer des petites interventions, mais les cas graves sont évacués vers la côte. Une pièce sert de chapelle multiconfessionnelle, un endroit où les croyants de quelque religion que ce soit peuvent se recueillir et méditer. Ah, et j'allais oublier : il y a une salle de sport, un sauna et un bain turc. Sur les plateformes des Norvégiens, en mer du Nord, ils ont aussi une salle pour se faire bronzer aux UV. Mais ici, ce n'est pas vraiment nécessaire. Je peux te faire visiter, si tu veux, nous avons le temps.

Opération HadèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant