CHAPITRE 27
Lune de miel à Rockport
Ils sortirent de San Antonio pour prendre une route de campagne peu fréquentée.
- On est encore loin de chez toi ?
- Environ 250 kilomètres. On devrait y être dans un peu plus de trois heures. Ce serait plus rapide par l'autoroute, mais ce chemin est plus joli, tu verras. De fait, ils traversèrent plusieurs localités tranquilles aux noms pittoresques, qui offraient toutes un air de famille, avec leurs rues principales bordées de commerces et prolongées par des quartiers résidentiels aux pelouses impeccablement entretenues. Tout cela respirait la prospérité, le conformisme, et un certain ennui. Le paysage était plat, et les cultures s'étendaient à perte de vue. James lui apprit que la région produisait beaucoup d'arachides.
La monotonie du panorama produisit son effet et elle finit par s'assoupir, en dépit de l'inconfort de son siège, et de la mauvaise suspension de la voiture. Elle dormit un long moment – tant il était vrai que la nuit précédente avait été dévolue à bien d'autres activités que le sommeil - et ne fut réveillée que par un arrêt soudain.
- On est arrivés ? demanda-t-elle en s'étirant.
- Non, mais j'ai les yeux qui se ferment. Il faut que je prenne un café. Ça te tente ? Ils étaient sur l'aire de stationnement d'un restaurant, et elle avait envie de se dégourdir les jambes, encore plus que d'une tasse de café médiocre.
La salle, toute en longueur, était bordée d'un comptoir derrière lequel transpirait un grand cuisinier noir, affairé à faire griller œufs et saucisses. Les clients, nombreux mais peu bruyants, étaient attablés dans des boxes, ou juchés sur les tabourets qui longeaient le comptoir. Les odeurs étaient plutôt appétissantes, mais son petit déjeuner était trop récent pour qu'elle éprouvât le moindre appétit. Elle se contenta donc d'un thé glacé, laissant James avaler coup sur coup deux tasses de café.
- Tu es fatigué, mon pauvre chou ? Je suis désolée de m'être endormie, ce n'était pas sympa. Tu veux que je conduise ?
- C'est-à-dire que... Il prit un air contrit.
- Quoi ? Ne me dis pas que tu fais partie de cette race d'hommes qui considèrent que les femmes sont incapables de tenir un volant, tout de même ?
Il leva les mains en signe de reddition et sourit avant qu'elle monte sur ses grands chevaux :
- Non, c'est seulement que c'est une boîte automatique. Je me demandais si tu saurais te débrouiller ?
- Peuchère, si tu me montres, je pense que je m'arrangerai.
Mais lorsqu'ils sortirent et que James voulut faire le plein à la station adjacente, sa carte de crédit fut refusée.
- Et voilà, ça commence, commenta-t-il sobrement, en sortant sa carte personnelle.
La familiarisation de la jeune femme avec la boîte automatique ne fut pas une mince affaire. Par prudence, James la fit s'entraîner sur le vaste parking, mais elle persistait à tâtonner du pied pour trouver une pédale d'embrayage qui n'existait pas, d'où des démarrages par à-coups et des arrêts brusques, qui firent se retourner vers eux les têtes curieuses des clients du restaurant. Finalement, au bout d'un quart d'heure, il estima qu'il pouvait sans trop de risques lui confier le volant.
- Mais n'oublie pas, la vitesse est limitée à soixante-dix miles sur cette route, et trente miles dans les agglomérations. Et dès qu'on approche d'une école, c'est vingt-cinq miles ! Méfie-toi, les flics de la route sont impitoyables.
- Comme celui qui t'avait arrêté l'autre soir ? le taquina-t-elle.
- J'ai eu de la chance, c'est tout. Tu as ton permis, au moins ?
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Opération Hadès
AvventuraBrillante scientifique travaillant à Sophia Antipolis, Claire Massari a la géniale intuition d’un programme informatique qui révolutionnera la séismologie. Mais sa découverte suscite bien des convoitises. Sa rencontre avec un jeune pétrolier texan l...