CHAPITRE 14
Le Consulat de France
Celui-ci fut pourtant troublé, durant la nuit, par l'apparition inopinée de James Conyngham. Le souffle coupé, comme paralysée, elle le regarda s'asseoir au bord du lit puis, son irritant et irrésistible sourire aux lèvres, abaisser le rempart des draps. Hypnotisée, elle ne pouvait détacher ses yeux des siens, même lorsque il posa d'un geste de propriétaire sa main sur l'intervalle de peau entre sa chemise et son pantalon de pyjama. Révoltée par son sans-gêne, elle aurait voulu crier, mais aucun son ne pouvait sortir de sa gorge, sa conscience annihilée par les tourbillons de plaisir qui irradiaient de la paume de sa main vers toutes les parties de son corps. Si encore il s'en était tenu là ! Mais voilà qu'il entreprenait maintenant d'ouvrir un à un, avec une lenteur exaspérante, les boutons de sa chemise de pyjama, dont les pans descendirent lentement de part et d'autre de sa poitrine orgueilleuse, que plus rien ne protégeait désormais de son regard. Et de ses mains.
Enfin elle réussit à parler, même si elle était toujours incapable de se mouvoir.
- Non, James, c'est mal, il ne faut pas, je vous en prie...
- Mais tu en crèves d'envie, n'est-ce pas ? se contenta-t-il de répondre, avec un sourire moqueur, avant de plonger en avant et que ses lèvres et sa langue prennent le relais.
Les mains crochés dans ses cheveux – elle était au moins parvenue à accomplir ce geste - elle geignait sans discontinuer, rendue folle par le traitement auquel il la soumettait. Elle se rendit compte, à sa grande honte, que loin de tenter de le repousser, elle pressait sur sa nuque pour qu'il poursuive, encore et encore.
Il était à présent à demi allongé sur elle, et elle réalisa tout d'un coup qu'une de ses mains, ses maudites mains, était en train de s'insinuer sous la ceinture de son pyjama.
- Non, non, haletait-elle. Oh, c'est mal, arrêtez, je vous en supplie. Mais en même temps, elle s'arc-boutait pour aller à la rencontre de sa caresse, de plus en plus précise. Plus elle protestait, plus il s'enhardissait. Elle lui facilitait la tâche, malgré elle, malgré le ressentiment qu'elle éprouvait envers lui, malgré sa gêne d'être traitée comme une fille facile. Lorsque son index atteignit le centre de son désir, elle ne put retenir un cri d'extase venu du plus profond de son être.
Cri qui la fit se dresser dans son lit, les larmes aux yeux, réalisant dans cette phase passagère entre l'état onirique et la conscience, qu'elle venait de ressentir, par la magie du rêve, un plaisir tel que Thierry n'avait jamais su lui prodiguer. Il était trois heures du matin, et la lumière des projecteurs du parc filtrait par l'entrebâillement des rideaux, plaquant des ombres changeantes sur le papier peint de la chambre. Furieuse contre elle-même, et plus encore contre le rejeton de Meg Conyngham, elle se plaqua l'oreiller sur la tête, se qualifiant à mi-voix des qualificatifs les plus désobligeants qu'elle pouvait imaginer en cette heure matinale.
Elle ne fut réveillée ni par le chant du coq, ni par le roucoulement des tourterelles – comme celles qui nichaient sous les tuiles du toit à Cabrières – mais par le criaillement caractéristique d'un paon. Se frottant les paupières, elle souleva un pan de rideau, pour apercevoir dans l'aube sale, un mâle qui faisait la roue devant une cour de femelles pâmées d'admiration. Quelques rayons de soleil, qui avaient percé la couche nuageuse, irisaient les jets d'eau qui arrosaient les pelouses avant la chaleur de la journée. Chaussé de bottes mais torse nu, un jardinier solitaire taillait des rosiers en fumant une cigarette. Se souvenant de son rêve très imagé, elle se reprocha de nouveau de ne pas arriver à se défaire du souvenir de ce jeune paon de James Conyngham. Qui devait probablement être en train de prodiguer à sa fiancée hawaïenne les caresses dont elle venait de rêver.

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Opération Hadès
AventureBrillante scientifique travaillant à Sophia Antipolis, Claire Massari a la géniale intuition d’un programme informatique qui révolutionnera la séismologie. Mais sa découverte suscite bien des convoitises. Sa rencontre avec un jeune pétrolier texan l...