Chapitre 37

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CHAPITRE 37

De l'utilité du Kama Soutra

Ils avaient pénétré dans une résidence proprette et enclose de murs, dont l'accès était contrôlé par une gardienne en uniforme qui, reconnaissant James, souleva la barrière et leur fit signe de passer. Des maisons en briques, de tailles diverses, mais avec une unité architecturale affirmée, s'alignaient le long de quelques rues tranquilles, dans lesquelles des enfants faisaient du vélo ou du skate. Une piscine et un court de tennis complétaient l'ensemble. Le rêve américain, du moins de la classe moyenne américaine, concentré sur quelques mètres carrés de terrain.

- Qu'en penses-tu ? interrogea le garçon, en charriant ses valises à l'intérieur, pendant qu'elle se chargeait du panier de Rembrandt. Ils entrèrent par la cuisine, vaste et lumineuse.

- En tout cas, la cuisine me convient, plaisanta la jeune femme. Et puis tu sais, avec toi, je serais heureuse, que ce soit sur une île déserte ou dans un bidonville. Mais ton autre maison, celle de Rocky Bay, qu'est-ce que tu en as fait ?

- Je pensais la vendre, comme la Maserati. Maintenant, je ne sais plus. Attends, je vais te faire faire le tour du propriétaire, enfin du locataire.

- Une minute, que je libère Rembrandt, le pauvre chou. Mais il vaut mieux fermer la porte, sinon il risque de prendre la poudre d'escampette.

- La poudre de quoi ? Ainsi, il y a un autre chou dans ta vie, je vois, conclut-il en affichant un air faussement jaloux.

À peine le panier ouvert, le matou en jaillit comme un trait, dérapant sur le carrelage de la cuisine, avant de filer vers le living room.

- Euh, ça va aller ? demanda James. Il n'a pas l'air très content.

- Ne t'inquiète pas, il agit ainsi chaque fois qu'il est dépaysé. Il est allé se terrer sous un meuble, il en ressortira quand il se sera habitué, ou qu'il aura faim. Tu me fais visiter ?

Ils passèrent dans le living room. Il était moquetté, ce qui ne lui plut guère : elle préférait le carrelage. Attends-voir que Rembrandt se fasse les griffes sur ta moquette ! pensa-t-elle. De toute évidence, James n'avait pas terminé de s'installer. Des cartons béants étaient épars, et des tableaux étaient posés le long des murs, en attente d'un accrochage

La maison était grande, trop grande même pour un célibataire, mais elle aurait juste la bonne taille pour un couple avec un bébé, calcula-t-elle. Il y avait même une chambre d'amis, et un bureau... qu'on pourrait un jour transformer en chambre pour un deuxième enfant. Elle se secoua : elle était en train de tracer des plans sur la comète, alors qu'elle ne savait même pas si James allait conserver cette maison, en fait, tout leur avenir lui paraissait très incertain. Alors, autant profiter de l'instant présent : Carpe Diem, on y était de nouveau.

Ils terminèrent par la chambre à coucher principale. James continuait de discourir comme si de rien n'était sur les avantages comparés des stores à lamelles verticales et horizontales. Finalement, perturbé par son silence, il se tourna vers elle : tels deux boxeurs de part et d'autre du ring, ils s'observaient par-dessus le lit, la respiration un peu courte, les gestes mesurés, évaluant les points forts et les points faibles de l'adversaire. Comme elle avait eu l'occasion de le constater, il pouvait parfois se montrer d'une grande timidité.

- Tu veux boire quelque chose ?

- Non, merci.

- Une petite faim, peut-être ?

- Non, vraiment.

- Tu veux aller voir comment se porte ton chat ? tenta-t-il encore faiblement.

Opération HadèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant