Chapitre 38

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CHAPITRE 38

L'agent Clyde Harrison

Elle dut bousculer James pour qu'il lui laissât laver la vaisselle, alors qu'il s'apprêtait à tout enfourner dans la machine à laver.

- D'accord, mais dépêche-toi, alors, lui intima-t-il, on m'attend !

- Qui ça, on ? Elle était déçue : ils venaient tout juste de se retrouver, et il voulait déjà la quitter ?

- Ma mère m'a demandé de me rendre sur une de nos plateformes, aujourd'hui.

- Mais pourquoi ? Et tu ne fais plus partie de la société, non ? Est-ce que tu as le droit ? Il eut un geste d'insouciance.

- Le droit, je le prendrai. Bon, que je t'explique : j'ai quand même gardé des amis au sein de Shamrock. Comme Sam, que tu avais rencontré. Comme Stanley, et bien d'autres. Ils me racontent de bien étranges histoires. Pourquoi Pierre, qui doit avoir d'autres chats à fouetter, éprouve-t-il le besoin de se rendre si souvent sur une plateforme, attention, pas n'importe laquelle, mais toujours la même, Green Hope III, à vingt miles au large de Freeport ?

- Eh bien, il va peut-être pêcher, ou nager ? plaisanta la jeune femme. Mais son ironie n'eut pas l'effet escompté sur James qui arpentait nerveusement l'espace entre la cuisine et le salon.

- Quoi qu'il en soit, j'en aurai le cœur net. Je suis désolé de te laisser dès le premier jour, ça tombe mal, mais cette petite expédition était prévue depuis quelques temps, je ne peux pas la décommander. Mais je serai de retour avant ce soir, ou demain au plus tard, je te le promets !

De déception, elle faillit lâcher l'assiette qu'elle tenait.

- Oh non, je t'en prie, James, ne me laisse pas ici, je veux aller avec toi. Que peut-il se passer, voyons ? Nous venons à peine de nous retrouver, et déjà tu m'abandonnes ? Et puis tu m'avais promis de me faire visiter une plateforme, tu te souviens ?

Récalcitrant, il ergotait, cherchant des arguments pour qu'elle ne se joigne pas à cette sortie en mer. Elle ne représentait a priori aucun danger, mais il était d'autre part exact qu'il n'avait aucun droit de se rendre là-bas sans en avoir informé Pierre, et il voulait éviter à Claire une éventuelle et désagréable confrontation avec les responsables de la plateforme, s'ils n'étaient pas les bienvenus. Voyant qu'il ne se laisserait pas fléchir si facilement, elle lança :

- Si tu me laisses venir avec toi, je te ferai...

- Quoi ? Son visage soucieux s'éclaira fugitivement d'un sourire. Elle se dressa sur la pointe des pieds et chuchota quelques mots à son oreille.

- Non ? Il avait rougi. Ça existe, des trucs pareils ?

Un peu rougissante à son tour, elle le lui confirma.

- En tout cas, c'est dans le Kama Sutra. Et je pense qu'ils savaient de quoi ils parlaient, ceux qui l'ont écrit. Et la nuit dernière, ça n'avait pas l'air de te déplaire, mes travaux pratiques après lecture, hein, petit polisson ?

Il avait viré franchement à l'écarlate, ce qui l'enchanta. À bouts d'arguments, il céda enfin :

- Bon, et bien, d'accord, alors préparons-nous rapidement, dans ce cas. Enfile des vêtements simples et qui ne craignent, ni l'eau, ni les tâches, OK ?

- Attends, on a peut-être le temps de prendre une douche, quand même ? Et toi de te raser, non ? Il consulta sa montre.

- Oui, c'est vrai. Qui est-ce qui y va en premier ?

- On ne pourrait pas y aller ensemble ? Elle l'avait enlacé et se tenait étroitement serrée contre lui. La tête contre la toison dorée de sa poitrine, elle poursuivit :

Opération HadèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant