My Demon || H.S

37. Are you sure ?

Une fois que tout le monde est sorti, Harry s'approche de moi, le regard doux et tendre comme à son habitude, mais sans savoir pourquoi, je le repousse froidement.

Moi - Sors s'il te plaît.

Il a l'air surpris. Moi aussi d'ailleurs. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, pourquoi je fais ça ?

Harry - Quoi ?

Moi - T'as bien entendu. Sors !

Harry - Qu'est-ce que t'as ?

Moi - Je t'ai dit de sortir ! J'veux plus te voir, j'veux plus entendre ta voix ! Sors !

Son visage arbore une expression blessé, ses pupilles sont dilatés, ses lèvres sont légèrement entrouvertes, ses sourcils sont haussés.

Harry - Selena... Qu'est-ce qu'il y a ? Parle-moi...

Moi - J'veux pas te parler ! J'veux pas, laisse-moi maintenant ! Dégage ! Laisse-moi crever putain !

Il fait un pas en arrière, surpris. Les larmes dévalent mes joues sans que je ne puisse les retenir.

Moi - Tu comprends pas !? J'vais mourir Harry ! C'est pas juste un simple mot, c'est une réalité ! Si ça se trouve quand je fermerai les yeux ce soir, je ne les rouvrirai jamais ! Peut-être que là maintenant, c'est la dernière fois où tu entends ma voix ! Tu comprends pas que je vais mourir ! Aucun de vous ne le comprend ! Le seul à avoir un minimum compris la situation, c'est Jack, un pauvre gamin de 8 ans ! Lui au moins il sait ce qui va arriver, il sait que je vais disparaître éternellement ! Mais vous, vous persistez à faire comme si le temps n'était pas précieux ! Je ne veux plus que vous veniez, je ne veux plus que vous me parliez, que vous ne me fassiez rire, je ne veux plus rien de tout ça ! Tout ce que je veux, c'est que vous partiez maintenant, et que vous ne reveniez plus jamais !

Ses yeux sont remplis de larmes qui menacent de couler. Il ne manquerait plus qu'il pleure, pour me faire pleurer encore plus, tiens.

La porte s'ouvre sur mes amis, Liam, Eleanor, Louis, Luke, Niall et Zayn.

Ils effacent immédiatement leur sourire quand ils aperçoivent mon visage.

Eleanor - Qu'est-ce qu'il y a ?

Moi - Partez. Et ne revenez pas. Aucun d'entre vous.

J'appuie ma dernière phrase en jetant un regard à Liam, pour que le message passe bien, et qu'ils comprennent que je ne veux plus voir aucun d'entre eux, puis je reporte mon attention sur Harry.

Moi - Partez. Maintenant.

Luke - Selena qu'est-ce que...

Harry - Venez. On s'en va.

Il les fait reculer et referme la porte derrière lui, me laissant seule.

Je balance ma tête en arrière. Pourquoi j'ai fait ça ? Pour la raison que j'ai donné à Harry : je vais mourir.

Mais il n'y a pas que ça, et je le sais, évidemment.

Ce n'est pas seulement pour leur ouvrir les yeux sur la réalité, c'est aussi parce que je veux qu'ils m'oublient. Je veux qu'ils continuent leur vie comme si je n'avais jamais existé.

Le père de Dylan a réussi a tourné la page, mais ça lui a pris presque 10 ans.

Je veux qu'Harry parte à l'université et trouve une femme, le plus tôt possible. Je veux que mes meilleurs amis continuent de rire, continuent d'avoir exactement les mêmes habitudes, le même rythme de vie. Je veux que rien ne change pour eux.

Et plus ils resteront à mon chevet à tenter de me faire sourire, moins ils arriveront à avancer, et je ne veux pas que ça arrive.

Je tourne la tête et tends le bras pour attraper le bouton d'appel. J'essuie mes joues trempées et attends.

Quelques minutes plus tard, l'infirmière qui m'avait changé ma perfusion entre, souriante.

Infirmière - Ça va ?

Moi - Oui. Si qui que ce soit essaie de venir me voir aujourd'hui ou dans les prochains jours, ne les laissez pas entrer. Je ne veux que personne ne vienne.

Infirmière - Vous êtes sûre ?

Moi - Certaine. Merci.

Infirmière - Bien.

Elle se retourne et sort de la chambre.
Son visage était soucieux, comme si elle se posait des questions. Je dois avoir l'air d'une folle furieuse. Tant pis.

Je ferme les yeux. Je ne sais pas si c'est la maladie ou la morphine qui me drogue (chose que je doute), mais je suis infiniment fatiguée même après avoir beaucoup dormi.

Voilà pourquoi je m'endors en moins d'une seconde.

***

Je bouge un peu et blottis ma tête dans l'oreiller par réflexe, comme pour me renfoncer dans le sommeil.

Mais je suis très vite stoppée dans mon élan lorsqu'une odeur masculine qui n'a rien à faire dans cet oreiller s'élève dans mes narines.

Je touche la couverture. Douce, satinée.

Ce n'est ni l'oreiller, ni la couverture de l'hôpital, ça c'est sûr.

J'ouvre les yeux et cligne plusieurs fois des paupières pour m'habituer à la luminosité. Combien de temps j'ai dormi ? La lumière est allumée, et elle m'aveugle.

Une fois mes yeux habitués à la lumière, je regarde autour de moi.

Impossible...

Je suis dans la chambre d'Harry.

Pas de machines, pas de morphine, pas d'aide respiratoire, pas de pièce affreusement blanche, pas d'odeur de médicaments.

Juste cette chambre marron, le silence apaisant de notre appartement et l'odeur du parfum d'Harry flottant dans la pièce.

Comment c'est possible ?

Est-ce que...

Non.

À moins que...

Est-ce que tout ça n'aurait été qu'un rêve ?