Deux.

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  Media: Your number- Ayo Jay Ft Fetty Wap

Clarita ( 17 ans)

  La soirée était vite passée. Nos valises étaient bouclées, les au revoir avait été fait aussi. Nous avons pris le train tôt pour Paris. Mes parents chéris allaient me manquer.

 Je descends lentement mes lunettes de soleil en voyant où le taxi nous avait emmenés, mes frères et moi. On était devant un bloc de maison. Il y en avait plusieurs autres. Je sors de la voiture en poussant un cri strident. 

- Attend, Jay, je crois que le chauffeur a fait une erreur, redonne-lui l'adresse. 

- Non, mademoiselle, c'est bien ici. Répond le taximan qui m'avait entendue. 

   Je suis carrément pétrifiée. Sans abuser, je ne bouge plus d'un poil. Mes yeux n'arrêtent pas de regarder cet immeuble dans lequel j'allais vivre pendant un an minimum. Je soupire un bon coup en me secouant la tête. Je n'arrête pas de répéter dans ma tête que c'est juste pour un moment. 

Une dame apparaît devant nous en souriant. C'est Safira, l'amie de ma mère. C'est une congolaise qui vit sans mari avec ses deux enfants. Elle vient nous saluer et parle avec mes frères. Mais moi, je suis toujours perdue sur cet immeuble. Mes frères se chargent des valises ainsi que les miens. Quand je rentre dans cet immeuble, plusieurs gars sont accostés et discutent bien fort. Ils s'arrêtent net en nous voyant rentrer. Je les regarde salement et rentre dans l'ascenseur. Mon état d'âme d'en ce moment: dégoûtée. Je ne voyais pas le moyen de survivre dans ce taudis pendant plus d'un an. 

(...)

 Je suis assise dans ce salon, les deux mains sur mes joues en train de réfléchir. Safira parlait depuis tout à l'heure, mais je n'écoutais pas un mot. Un moment, je fis l'effort de relever la tête parce qu'elle nous présentait ces enfants. Un gars nommé Djibril et la fille, Hawa. La Hawa, elle n'arrête pas de sourire, on aurait dit une conne. Vous voyez quand vous êtes vraiment énervés et puis tu vois quelqu'un qui pue la bonne humeur. Ça te met encore plus en colère. Par contre, le Djibril était fâché. Ses sourcils se rejoignaient tellement qu'ils les croisaient. Il n'est peut-être pas content qu'on s'incruste chez lui. Je t'assure, mon chou, que ce n'est pas un plaisir pour nous, non plus. 

 La nuit était enfin arrivée. Safira m'avait dit de dormir dans la chambre avec Hawa, mais j'ai refusé. Depuis petite, j'ai toujours dormi avec Christian. Et en grandissant, ça n'avait pas changé. Je m'en fous si je dois dormir dans le salon avec lui, je le ferai. Comme Safira a vu que j'étais déterminée, elle a demandé à sa fille de nous donner la chambre. Et Hawa dormira avec elle. Ça ne la dérangeait pas. C'est ainsi que Hawa nous a gentiment laissé sa chambre en retirant ses affaires. Mes deux autres frères allaient dormir avec Djibril. 

(...)

 Déjà quatre maudits jours que nous sommes arrivés dans cet endroit. Je n'ai pas mis les pieds dehors. Ça ne me dit rien de sortir. Aucun de nous n'allait à l'école. Il ne restait que Christian et moi, et on avait eu nos bac. Mais on voulait prendre une pause avant de choisir notre métier. Pour Jay, lui, il veut devenir vendeur de voiture. Il est très sérieux sur ça. Il est déjà à sa troisième année pour les cours de commerce. Et pour Andie, j'ai entendu qu'il voulait devenir mécanicien. Mais la vérité, c'est que je m'en fous. 

Aujourd'hui encore, je suis déterminée à ne pas sortir. Même si je sais que je vais passer ma journée à traîner sur mon phone, je m'en fous. Je suis tranquillement en train de mettre du vernis quand Christian débarque dans la chambre, il se jette sur le lit et se met à me fixer.

- Quoi?

- Aujourd'hui je m'en bats les couilles, tu sors. 

- Non. 

Loco amorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant