Lorsque je me réveillai pour la deuxième fois de la journée, le soleil était déjà haut dans le ciel, preuve que l'après-midi était déjà bien avancé. Pour autant, je n'avais aucune envie de me lever. Mon crâne me faisait mal et ma peau me démangeait à cause de mes nombreuses égratignures.
De plus, je n'avais pas envie de sortir et de voir mes sœurs. Elles ne m'aimaient pas. Et quelque part, c'est quelque chose que je pouvais comprendre. Je leur avais pris ce qu'elles avaient de plus cher. Ma Mère.
Je n'avais rien demandé. Je n'avais rien voulu. Mais je les comprenais, sans pour autant accepter ce qu'elles faisaient. Je voulais rester dans mon lit et ne plus bouger.
Mais la lettre de mon père me revint en mémoire, et ses mots me traversèrent comme des coups de poignard. Il comptait sur moi, il avait confiance en moi, et il m'aimait. Alors je ferai un effort, pour lui.
Me dirigeant d'un pas lent vers mon placard, je pris les seuls vêtements qui me restaient, me changeais et partis vers la salle d'eau voir ce que je pouvais faire pour arranger mon état.
Vérifiant qu'il n'y avait personne, je me mis sur la pointe des pieds et tendis ma main jusqu'à attraper une petite boîte que j'achetais avec mes maigres économies. Et précautionneusement, je m'en mis sur chaque griffure que je trouvais.
Je ne m'achetais que rarement ce genre de babiole, mais Mère m'avait toujours dit que cela pouvait servir. Elle s'en mettait elle aussi, sans que je ne comprenne pourquoi. Elle avait une peau lisse et laiteuse, sans aucune imperfection. Il faut dire qu'à travers mes yeux d'enfant, je n'étais pas vraiment objective. Mais je m'étais toujours posé la question.
A un moment, j'avais même cru qu'elle s'en mettait pour camoufler je ne sais quoi. J'avais laissé tomber cette idée au final. Et je comprenais bien pourquoi. Aujourd'hui, elle me paraissait complètement absurde.
Qu'est-ce que Mère aurait-elle pu cacher avec un mari aussi doux que le sien ?
Non, complètement absurde, me dis-je en secouant la tête de gauche à droite.
Après avoir finalement dompté mes cheveux et passé de l'eau froide sur mon visage, je me regardai à travers la vitre qui me faisait face. Les traces de larmes et mes yeux rougis avaient disparus, les griffures également, bien caché sous une couche de poudre.
Constatant que tout était en ordre, je pris quelques sous, mon deuxième sac –le premier ayant été pris par mon père- et partis vers le marché pour acheter de quoi manger.
Sur le chemin, je me laissais de nouveau emporter par les sensations. Le vent qui balayait doucement mes cheveux, les pavés froids sous mes petits pieds, les effluves de poisson, d'épices, de fleurs et de bien d'autres encore, puis des rires d'enfants, des râles de mamans... Toute cette agitation ne cessait de m'enhardir et je m'enfonçais un peu plus dans la foule, sans vraiment faire attention à ce qui pouvait se trouver devant moi.
Cette fois-ci, la chaleur était bien plus douce que la veille, faisant de cet endroit un lieu agréable. Seuls quelques nuages noirs se profilaient à l'horizon, comme annonciateur de mauvaises nouvelles.
Après avoir salué quelques commerçants, et avoir flâné quelque peu dans les rues, je pris la première intersection à ma gauche pour rejoindre un lieu plus calme du marché. Alors que je m'engageai dans la ruelle, je buttai contre quelque chose de dur.
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La Belle et la Bête
WerewolfTome 1 Et si Belle, censée représenter la plus pure des beautés pouvait cacher les plus sombres des abysses ? Et si la plus féroces des bêtes pouvait cacher le plus tendre des cœurs ? Engoncée dans un monde où les apparences sont trompeuses, Maïa...