La Belle et la Bête

Chapitre 13 : Explication écourtée

          «Nous devons parler».

Ou la phrase que je n'avais jamais aimée.

Lorsqu'une personne me le disait, j'avais toujours l'impression que quelque chose de grave se passait, ou encore qu'on me reprochait je ne sais quoi. Ces trois petits mots m'angoissaient au plus haut point. Et pour cause, je ne savais pas à quoi m'attendre.

Légèrement anxieuse, je jetai des coups d'yeux circulaires à la pièce, m'attardant sur le premier objet que je trouvai. Qui sait, peut-être qu'à force de le fixer, il oublierait même ce qu'il a à me dire. Si je passe suffisamment de temps à le scruter, il y a de fortes chances pour que ça marche non ?

En réalité, je n'en savais rien du tout. Je n'avais jamais été très douée pour les probabilités. Mais mère me répétait toujours que quand il y avait de l'espoir, il y avait de la vie. Alors j'espérais.

Au moins, on aurait la certitude que j'étais une bonne vivante, à défaut d'autre chose.

     -Maïa.

Le ton réprobateur d'Adkins me fit reprendre pied dans la réalité et je m'armai de mon sourire le plus innocent avant de me tourner vers lui.

     -Ne crois pas que je n'aie pas compris ce que tu essayais de faire.

Sourire qui se transforma bien vite en grimace. Il était bien trop perspicace. Ou alors la méthode de regarder partout pour lui faire oublier ce qu'il voulait dire était totalement inefficace. J'allai devoir trouver quelque chose.

     -N'essaie même pas Maïa. Nous devons avoir cette conversation.

Cette fois, je le regardai totalement stupéfaite. Mais... Comment faisait-il pour deviner tout ce qui me passait par la tête ? J'étais si transparente que ça ?

Résignée, je finis par soupirer avant de m'installer sur le seul fauteuil encore présent dans la pièce. C'est-à-dire face à lui. Ce qui ne m'arrangeait absolument pas. Il m'atteignait bien trop facilement pour que je puisse me concentrer efficacement.

A peine assise que ses yeux se posèrent dans les miens. Il me fixait avec une telle intensité que je crus défaillir. Ces cheveux bruns étaient totalement désordonnés, comme à chaque fois que je l'avais vu. Et ses prunelles me semblaient beaucoup plus clair qu'à l'accoutumé. D'un magnifique vert émeraude. Je le trouvai vraiment beau à cet instant.

Mais plus je le regardai, et plus quelque chose clochait. Il n'était pas comme d'habitude. Il semblait épuisé. Réellement.

A peine cette pensée traversa mon esprit que je remarquai de larges cernes sous ses yeux. Son teint était légèrement plus blanc que d'habitude également. Je ne savais pas comment j'avais fait pour ne pas le voir jusque-là. Ca sautait aux yeux pourtant.

De même que la légère fêlure qui subsistait dans son regard. De la fatigue ? De l'inquiétude peut être ? Je n'en savais rien. Mais ça me préoccupait.

     -Ce que tu vois te plaît ?

     -Quoi ? Mais non ! Je...