Chapitre 2 : Apparence

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Je ne me souvenais de rien, si ce n'est de m'être endormi comme une masse hier. J'avais juste pris le temps de remettre le livre de l'ancien monde dans mon sac. Personne, pas même ma famille ne devait le savoir.

Pourtant, ni la lumière du jour, ni le froid ne m'avait réveillé. Père était surement passé pour me border et fermer les volets. De toute façon, ça ne pouvait être que lui. J'imaginais mal mes deux sœurs le faire.


Je bâillais à m'en décrocher la mâchoire avant de me lever et de grimacer. Bon sang que j'avais mal au dos et aux pieds. Ces petites ballerines représentaient un véritable enfer pour mes orteils. Mais je ne pouvais pas m'acheter d'autres chaussures.

Je soupirai. Il allait falloir que je m'y habitue.


Je m'étirais lentement puis partis vers la cuisine en claudiquant légèrement. Père n'était pas là. Mes sœurs devaient surement vagabonder je ne sais où. Donc je pouvais largement me le permettre.

Arrivant dans la dite pièce, je remarquai un mot posé sur la petite table. 


Maïa,

J'avais beaucoup trop d'affaires à transporter, alors je me suis permis de t'emprunter ton sac. Je n'avais pas le cœur à te réveiller ce matin pour te le demander, tu dormais si bien... Ne m'en veut pas. Occupe-toi bien de la maison après mon départ et veille bien sur tes sœurs s'il te plait. Tu as toute ma confiance.

N'oublie pas que je t'aime.

Je t'embrasse.


Je souris doucement. Mon père n'était pas fan des démonstrations d'affection mais il m'en écrivait dès qu'il pouvait. C'était vraiment un homme bon et généreux. Il jouait son rôle à la perfection. Quitte à s'oublier. Mais je pense qu'il le faisait pour oublier Mère, au moins un peu.

Nous savions toutes, avec mes sœurs à quel point elle lui manquait. D'ailleurs, c'était un sujet tabou qu'on évitait tous comme la peste. Il nous arrivait d'en parler quelques fois, mais ça ne durait jamais bien longtemps. Même mes sœurs le respectaient bien trop pour lui infliger ça. Même si elles ne se gênaient pas pour lui en infliger d'autres.

Je reposai délicatement le mot là où il se trouvait avant que je le prenne avant de mettre la table et de préparer mon déjeuner. J'en fis plus pour mes sœurs, au cas où elles reviendraient dans la journée et m'assis pour enfin commencer à manger.


     -Tu ne nous appelles plus pour manger maintenant ?

La voix de Natasha, légèrement aiguë me fit grimacer.


     -Je vous pensais parties. 

Je n'attendis pas de réponse. Je n'en aurai pas eu de toute façon et commençai à dresser le couvert. Alors que je fermai un placard, j'entendis des ricanements. Ne m'en préoccupant pas, je continuai à afférer dans la cuisine, sans faire attention au silence qui s'était désormais installé. 

     -Ton petit papa chéri t'a laissé un mot «Belle» ? Me demanda Natasha sarcastiquement.

Mince ! Le mot ! J'avais oublié de le ranger. Posant mes mains sur un meuble, mes yeux clos, j'essayai de réguler ma respiration tout en me répétant que ce n'était qu'un mauvais moment à passer, rien d'autre.

La Belle et la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant