Chapitre 11 : Une voix enchanteresse

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J'attendis cinq minutes avant de sortir de la pièce, afin d'être sûre que ni Aby, ni Adkins ne se trouvaient dans les environs. Ni personne d'autre d'ailleurs. Je me voyais mal expliquer ce que je faisais, seule, dans un endroit si étroit.

N'importe qui pouvait l'interpréter de n'importe quelle façon. Et j'avais légèrement peur quant aux interprétations. L'esprit était particulièrement vif et fourbe dans ce genre de situation.

Une fois dans les couloirs, je respirai un grand bol d'air frais avant d'inspecter les alentours. La bonne nouvelle, c'est que personne ne se situait dans les parages. La mauvaise, c'était que j'étais encore plus perdue qu'avant !

Et ça m'énervait ! Ne pouvaient-ils pas mettre une carte du château avec une petite croix et le fameux «Vous êtes ici» ?

Je me doutais bien que chaque personne habitant cette gigantesque demeure devait la connaître sur le bout des doigts. Mais il fallait penser aux petits nouveaux comme moi !


Désespérée, mon regard essayait d'accrocher un détail, ou n'importe quoi d'autre du moment que cela me permettait de me retrouver.

C'était sans compter sur ma chance légendaire. Non seulement je ne trouvai rien, mais en plus, un léger vertige me prit, dû au fait que je tournai en rond depuis plusieurs minutes maintenant.

Dépitée, je me lassai lourdement tomber contre le mur et me mis, machinalement à mordiller le collier que ma mère m'avait offert. Une rose dorée. Mon seul souvenir d'elle. Pas une seule fois depuis qu'elle me l'avait offert, je ne l'avais enlevé. Elle m'avait dit de ne surtout pas le faire, sous aucun prétexte. Je n'en avais jamais compris la raison, mais je supposais qu'elle voulait tout simplement que j'y sois attachée, ou que j'évite de le perdre. Maladroite comme j'étais, elle avait certainement dû vouloir prendre des précautions.

Quoiqu'il en soit, et malheureusement pour lui, il était mon souffre-douleur lorsque j'étais trop stressée, ou trop triste. Bizarrement, le fait de le mordiller me permettait d'y voir plus clair. Et alors que j'étais dans le flou total depuis hier seulement, ça me faisait beaucoup de bien.

Je profitai de cette accalmie pour réfléchir à ces dernières minutes. Au comportement plus qu'étrange d'Adkins et à ses yeux, tantôt brillants comme des émeraudes, et de l'autre aussi sombres que l'onyx. Mais j'avais beau me creuser la tête, je ne trouvai aucune explication possible.

Je soufflai rageusement en envoyant ma tête en arrière contre le mur et fermai les yeux. Dans mon état, c'est-à-dire perdue et en manque de sommeil, je n'arriverai strictement à rien. Le mieux que je puisse faire était donc de dormir. Quelqu'un finirait bien par passer par là non ?

*

Belle,

Belle où es-tu ?

Je me réveillai en sursaut, la nuque douloureuse. Je grimaçai avant de passer ma main derrière mon cou, afin d'apaiser la douleur.

Belle,

Belle où es-tu ?

Je jetai un coup d'œil aux alentours, mais ne vis strictement rien. J'avais dû dormir un moment puisque le château était entièrement plongé dans le noir. Ce qui ne me rassurait pas du tout, bien au contraire.

Belle,

Belle où es-tu ?

Je me retournai vivement, mais encore une fois, ne vis rien que l'obscurité grandissante. Je n'avais donc pas rêvé, c'était cette voix qui m'avait sorti de mon sommeil. Une voix divinement douce, enchanteresse, envoutante. Elle m'appelait, elle n'attendait que moi.

La Belle et la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant