Chapitre 41 -Quelque chose qu'hier encore n'existait pas-

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Je refermai la porte derrière moi avec précaution avant de m'engouffrer dans un couloir, l'esprit embrumé. J'avais du mal à y croire, avais du mal à imaginer mon père et Aby. Je l'avais tellement vu amoureux de ma mère que je n'avais pas imaginée une seule seconde qu'il puisse refaire sa vie. Pourtant, quand on y réfléchissait sérieusement, tout semblait parfaitement à sa place non ?

Mon père était un homme calme, doux et profondément gentil. C'était le genre d'homme capable de vous calmer d'une seule parole, d'un seul geste. Il était toutefois un peu excentrique sur les bords quand on le connaissait bien, surtout quand il était question de savoir et de machines qu'il pouvait inventer. Mais c'était surtout et avant tout un homme fidèle et sincère qui aimait de toute son âme. Quant à Aby, c'était une femme fière avec son petit caractère. C'était une belle femme et il n'y avait aucun doute qu'elle saurait faire tourner la tête de mon père quand bon lui semblait. En réalité, ils se complétaient parfaitement. Là où mon père n'était que calme et douceur, Abigaël n'était qu'énergie et excentricité. Elle saurait le faire sortir de ses sentiers battus, il saurait l'apaiser quand le besoin se ferait sentir.


C'était une chose à laquelle je ne m'attendais absolument pas. Pour autant, je ne voulais pas m'interposer à ce début de quelque chose qu'il y avait entre eux. A ce début de quelque chose qui hier encore n'existait pas. Ce n'était pas parce que j'étais en froid avec Aby que je leur interdirais quoique ce soit, parce que j'étais absolument certaine que mon père viendrait me demander mon avis d'ici quelques heures ou quelques jours au plus tard. Mon père avait été profondément amoureux de ma mère. Il l'avait aimé chaque seconde de sa vie et il continuerait jusqu'à ce que son cœur cesse de battre. Elle aurait toujours une place privilégiée dans sa vie. Mais je savais oh combien il l'avait pleuré. Son départ l'avait anéantie. Si une autre femme pouvait lui permettre de sourire et de revivre, alors je ne voyais pas pourquoi je m'y opposerai.


     -Maïa ?


Je me retournai et me perdis instantanément dans deux orbes émeraude. Keylan. Face à moi, il semblait hésité sur la conduite à tenir. M'embrasser ? Rester où il était ? Je l'avais toujours vu comme un homme sûr de lui et de ce qu'il voulait. Actuellement, il me faisait penser à un chiot tout penaud. Ses yeux naviguaient entre mes yeux, mes lèvres et le sol, et sa main se perdait régulièrement dans ses cheveux. Aucun doute, il était gêné.


Il ouvrit la bouche pour parler avant de se faire couper par les aboiements de Snoopy et les hurlements effrayé de celui qu'il était en train de courser. Je ne savais pas ce que cet homme avait pu faire pour énerver Théodore, mais il avait intérêt à courir vite. Longtemps aussi. Snoppy était infatigable. Je ne me souvenais que trop bien de la fois où il m'avait poursuivi. Heureusement que Keylan m'était venu en aide sinon...Eh bien je ne donnais pas cher de ma peau ce jour-là.

En tournant la tête, je croisai le regard d'Adkins et pouffai de rire. A la vue de sa grimace, lui aussi devait avoir de sacrés souvenirs de ce chien.


     -Maïa ?

     -Oui ?

     -Tu... Tu veux bien qu'on reparle de ce que je t'ai dit hier ? Se reprit-il.


Hier ? J'eus un instant de flottement avant de me souvenir qu'effectivement, il m'avait parlé de sa nature et de celle de tous les habitants du château. Des loups-garous. Il faudrait le temps que je m'y fasse.

La Belle et la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant