La Belle et la Bête

Chapitre 20 : Vous zêtes pas belle Madame.

          Je lâchai brusquement la poignée et me retournai vivement à ces mots. Sauf qu'il n'y avait plus personne. Surprise, je regardais à droite, à gauche, fouillais minutieusement les couloirs du regard.

Mais je devais me rendre à l'évidence, il était déjà partit. Je ne sais pas comment il a pu le faire aussi rapidement. A ma connaissance, une telle vitesse était humainement impossible.

Décontenancée. J'étais totalement décontenancée. Je crois qu'il n'y avait pas d'autres mots pour décrire dans quel état j'étais actuellement.

Mille et une questions fusaient dans ma tête. Pourquoi avais-je la désagréable impression qu'Emett était le loup, et que c'était précisément pour cette raison qu'il m'avait avoué son prénom ? La coïncidence était bien trop énorme pour que les deux faits n'aient aucun lien.

Ce qui expliquerait sa grande vitesse également. Comment avait-il pu disparaître en seulement un quart de seconde ?

Je me pris la tête en gémissant. Mon dieu je devenais folle. Tellement folle que j'avais cru pendant un instant qu'Emett pouvait être un loup. C'était complétement insensé. De même que le fait qu'il disparaisse aussi soudainement. J'avais dû être trop lente.

Il n'y avait pas d'autre explication.

Du moins j'essayais de m'en convaincre. Parce que j'étais intimement persuadé du contraire.

D'un côté, mon côté rationnel me criait de revenir sur terre et de trouver des explications plus logiques. Que tout ceci était complétement surréaliste et donc impossible.

Et de l'autre, on me criait que les faits étaient bien trop énormes. L'instinct qui était en moi m'exposait tous les faits depuis que j'étais arrivée.

Tout d'abord la désagréable impression que tous les membres de cette demeure étaient étrangement similaires à leur manière, ensuite le fait qu'Adkins et Antonio pouvaient voir dans l'obscurité la plus totale et se déplacer à pas de loup, puis le fait que j'ai entendu une voix dans ma tête le premier jour, et enfin Meïga. Ou plutôt l'entité aux yeux rouges qui m'avait complétement manipulée.

Rien, depuis que j'étais arrivé ici n'avait de sens. Tout en moi me criait qu'il n'y avait rien de naturel là-dedans.

Mais voilà. Je ne pouvais tout simplement pas m'y résoudre. Ni même l'imaginer.

Si le surnaturel cohabitait avec nous, je l'aurai su depuis longtemps non ?

Je soupirai. Rien n'était moins sûr.

Complétement perdue, j'ouvris la porte de ma chambre et partis m'asseoir sur mon lit, ma tête entre les mains. Tout cela était bien trop compliqué.

     -Où étiez-vous jeune fille ?

Je me raidissais à ses mots avant de grimacer franchement. Ca ne sentait pas bon. Mais alors pas du tout.

     -Alors ?

Je m'armais de mon sourire le plus innocent avant de me tourner courageusement vers Aby. Laquelle me fusilla du regard et je baissai piteusement les yeux devant ses yeux noirs.

Je ne pouvais pas lui dire la vérité. J'étais persuadée qu'elle ne devait pas savoir. Ni pour le passage, et encore moins pour le loup. Le problème, c'est que la vieille femme était loin d'être dupe. J'allais devoir être des plus convaincantes.

     -C'est que... Commençai-je comme honteuse.

     -Que quoi ? Répéta Aby.

     -Je me suis perdue, lui dis-je en baissant la tête, comme si j'avais honte.