La Belle et la Bête

Chapitre 7 : Qu'on m'amène des bougies !

Après son entrée fracassante dans la chambre quelques minutes plus tôt, je ne pouvais que donner raison à la vieille femme. Son thé était tout simplement délicieux. Elle avait également pris soin de m'amener toute sorte de gâteaux. Des brownies, des cookies, des cupcakes... Il y en avait tellement que j'avais du mal à tous les identifier.

Le comble, était qu'ils étaient faits maison. Cela me rappelait tellement ma vie d'avant, celle où mes parents vivaient encore confortablement, que je m'empressai de tous les goûter, sans un laisser un seul.

Face à un tel festin, toutes mes bonnes manières avaient disparu. Ça avait doucement fait rire Aby d'ailleurs. Son rire avait été tellement spontané que je ne doutais pas qu'elle ait déjà vécu la même situation. Quelque part, ça me rassurai un peu. Je n'étais pas la seule gloutonne du coin.

Après que j'eus fini, la vieille femme poussa le charriot au loin et vînt s'asseoir à côté de moi de nouveau, laissant planer un silence étrangement réconfortant. J'avais l'impression que tout était rassurant ou apaisant avec elle. Peut-être à cause de son âge. Mais je doutais que ce soit la seule raison. Sa présence même nous faisait nous sentir bien. Comme une sorte d'aura. Oui, c'était étrange mais je ne voyais pas d'autres explications.

     -Tu sais ce qui m'attend ce soir ?

La vieille femme se retourna vers moi, l'air étonné. Elle s'attendait surement à une autre question. Comme pourquoi j'étais ici, à cause de quoi, qui étaient-ils.... C'est vrai que je brûlais de leur poser ces questions. A elle, à mon officier et à chaque personne que je pourrai croiser. J'avais besoin de réponse. Vraiment. Mais je doutais fortement qu'elle me les donne. Elle et les autres habitants de la demeure. Alors je patientai.

     -Tu vas rencontrer Keylan.

     -Keylan ? Répétai-je.

     -Il est notre... Il est celui qui dirige le château se reprit-elle.

Je hochai la tête. Keylan... Il me semblait que mon bourreau d'officier l'avait vaguement évoqué à la taverne. Quand il parlait avec l'homme aux cheveux roux. Et j'avais l'étrange impression que la vieille femme, Aby ne me disait pas tout. Elle avait clairement hésité.

Pas parce qu'elle ne trouvait pas ses mots. Mais parce qu'elle me cachait quelque chose. Il était évident qu'il n'était pas que le dirigeant du château, mais qu'il était bien plus. Et la réaction des hommes quelques heures plus tôt ne faisait que confirmer ce que je pensais.

Bon, au moins, je savais à quoi m'attendre ce soir.

     -Je suis désolée Maïa.

     -Désolée ? Mais de quoi ?

Je m'étais vivement retournée et lui faisait désormais face. La vieille femme n'avait pas l'air à l'aise. Elle semblait troublée et malmenait un peu les draps avec sa main. Un regard de ma part l'incita à continuer sur sa lancée.

     -De tout ça, me répondit-elle avec un vague signe de la main. Du fait que tu aies été arrachée de chez toi et que tu te retrouves ici avec des inconnus. J'aurai aimé que ça se passe autrement pour toi.

     -Oh.

Je ne savais pas quoi répondre d'autre. J'aurai voulu lui dire que c'était gentil mais je ne voulais pas être trop sympathique. Pas avec des personnes qui me gardaient, dans un château certes, mais contre mon gré. Je n'y arrivais tout simplement pas.