Chapitre 34 : Je le hais tellement...

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Voilà enfin la nouvelle partie ! Elle m'a donné du fil à retordre. 

Dans ce chapitre, vous découvrirez une partie de la vie d'Alfred, ça me semblait essentiel. Donc pas d'avance majeur pour aujourd'hui. L'action surviendra dans les chapitres à venir. Je préfère prévenir, c'est un chapitre que je réécrirai. Il manque d'émotions pour ma part donc si vous avez des suggestions ou des conseils pour m'aider à m'améliorer, n'hésitez surtout pas.

Des bisouus !

Elena





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Pourquoi m'avait-elle dit d'aller faire un tour dans la chambre d'Emett ? Je ne comprenais pas. Qu'est-ce qui pouvait bien y avoir d'aussi important pour qu'elle me le demande ? Emett était une personne taciturne, gardant pour lui la moindre de ses pensées. Ça ne m'étonnait pas tellement qu'il puisse garder des choses secrètes. Mais en quoi est-ce que ça pouvait m'intéresser ?

Je ne savais pas. Plus important, pouvais-je me permettre de briser la confiance durement acquise qu'il avait en moi ? Même si nos débuts avaient été plus que difficiles, je pouvais dire que nous étions amis désormais. Enfin je l'espérais.

Ce qu'il y avait dans sa chambre valait-il que je sacrifie autant ?

Et la rousse avec qui je venais de parler, est-ce que je pouvais lui faire confiance ? Ou m'avait-elle menti ?

J'étais complètement perdue. Il me fallait des réponses, c'était certain. Mais en fouillant dans le dos des gens ? Non, je n'étais pas cette personne, et je ne le serai probablement jamais. Mais j'étais curieuse. Et je me savais capable de tout pour assouvir ma curiosité.

Je soupirai, dépitée. Il fallait que je réfléchisse. Mais surtout, je devais me montrer méfiante. Cette femme ne m'inspirait aucune confiance. Dès qu'elle s'approchait de moi, des signaux d'alertes résonnaient de toute part dans mon corps. Je devais être prudente.

     -Maïa ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?

La voix légèrement endormie d'Alfred me ramena brusquement à la réalité. Avec cette histoire, j'avais complètement oublié que je devais aller le voir pour lui poser des questions sur Adkins et moi. Du moins sur les ressentis étranges que je pouvais avoir quand il se trouvait à proximité.

     -Je voulais te parler.

Sa bouche s'ouvrit de surprise alors qu'il assimilait durement ce que je venais de lui dire. Il avait toujours eu besoin d'un temps d'adaptation le matin, m'avait-il expliqué.

     -Oui oui bien sûr, rentre Maïa.

A peine avais-je pénétré dans sa chambre qu'il referma lourdement ma porte, surement pour qu'on ait plus d'intimité. Je le remerciai pour cela avant que mes lèvres ne s'ouvrent en un « o » parfait tandis que je m'émerveillais devant sa chambre. Alfred avait toujours eu des goûts particuliers et une personnalité à part. Je le savais. Mais là... J'étais bouche-bée.

Un énorme lit tout en bois massif trônait un milieu de la pièce, accolé au mur du fond alors que trois petits cadres le surplombaient. De là où j'étais, je ne voyais pas vraiment les photos qu'ils contenaient. A sa droite, une table de chevet, en bois également dans laquelle étaient rangés quelques livres. Je ne doutais pas qu'ils soient aussi vieux que le mobilier. Enfin, il y avait un renfoncement à la gauche du lit dans lequel on pouvait discerner une ancienne armoire que la baie vitrée –sur le mur adjacent- éclairait gentiment. Pour finir, une sorte de coiffeuse suivait la baie vitrée. Tout, absolument tout était fait de bois. Aussi bien le mobilier que le parquet ciré, en passant par toutes les petites horloges présentes dans la chambre. Seul le tapis et la couleur rouge bordeaux des murs dénotaient.

     -Tu es fasciné par le temps Alfred ?

Le moustachu qui était resté derrière moi alors que j'explorais visuellement sa chambre, me dépassa et se posta au pied de son lit, le regard rivé sur les trois cadres qui le surplombaient. Je l'y rejoignis sur la pointe des pieds.

Là, je pouvais enfin discerner les photos. Sur celle du milieu, on pouvait voir une femme. Elle était belle, vraiment belle. Ses cheveux châtains aux reflets roux encadraient son visage, quelques mèches volaient dans tous le sens –sûrement à cause du vent- alors qu'elle fixait l'objectif de ses yeux rieurs. Son sourire était énorme, lumineux, communicatif aussi. J'adorais cette photo.

Et sur les deux autres qui l'encadraient, on pouvait observer deux jeunes filles. Des jumelles. Elles étaient le portrait crachées de la femme.

     -J'étais souvent en retard tu sais.

Je ne me tournais pas vers Alfred et continuais de regarder les photos. J'étais certaine que mon regard le perturberait dans son récit. Je ne le voulais pas.

     -Marissa me le reprochait souvent. Elle qui était toujours ponctuelle... 

Un petit rire secoua ses épaules et je le vis du coin de l'œil prendre une grande inspiration.

     -Ce jour-là, j'étais en retard, pour ne pas changer. Je devais aller à la cérémonie de diplôme de mes deux filles. Elles tenaient à me voir et je leur avais promis. Promis que j'y serai et promis que je serai à l'heure.

Un blanc. Encore. Ses mains tremblaient légèrement et il avait du mal à respirer.

     -Sauf que je n'aie pas vu l'heure passer. J'ai loupé la cérémonie. Ma femme m'avait appelé plusieurs mais je n'avais rien vu, rien entendu non plus. Quand j'ai enfin décroché, elle était en voiture avec mes filles...

Ma main se posa sur son épaule et la sienne vînt l'enserrer. Je n'y tins plus et le regardais. Il se tenait droit, le regard fixé devant lui. Ses épaules ne tressautaient pas, ses dents ne mordillaient pas sa lèvre inférieure... Rien. Rien ne montrait ce qu'il pouvait éprouver. Rien, hormis ses yeux. Je n'avais, de toute ma vie, jamais vu un tel désespoir, ni une telle tristesse dans le regard d'une personne. Voir un homme au bord des larmes était une chose aussi belle qu'horrible.

     -Elle me reprochait mon retard, encore une fois. Elle me reprochait aussi de ne pas avoir tenu ma promesse envers mes filles. J'allais répliquer quand tout a explosé. Mais le pire... Le pire Maïa c'est le silence qui vient derrière. Je n'entendais rien. Ni ma femme, ni mes filles, ni personnes d'autres. Rien. Je...

Une larme coula. Elle dévala sa joue et s'écrasa brutalement au sol.

     -Je ne suis pas fasciné par le temps Maïa. Je le hais. Je le hais tellement si tu savais... Mais je le surveille, pour ne plus que ça arrive. Je... Je ne veux plus perdre qui que ce soit par la faute de ce maudit temps.

Sa voix eut un raté et je le serrais brusquement contre moi. Jamais je n'aurai pu penser qu'il avait vécu une chose aussi horrible.

Je ne savais pas quoi dire. Je ne voulais pas lui dire que j'étais désolée, ni lui présenter mes condoléances. Il ne méritait pas ses phrases toutes faites qu'on sortait par faute de savoir quoi dire d'autre. Alors je le serrais contre moi, en espérant que ça suffise. En espérant que ça le réconforte, même un peu.

Je ne sais pas combien de temps on resta dans cette position. Mes jambes me démangeaient, pourtant je ne bougeais pas. Je savais qu'il en avait besoin.

     -Merci Maïa.

Je ne répondis rien alors qu'il se décollait de mon étreinte, sa main me tapotant gentiment le haut du bras, gêné.

Pourtant, l'homme qui me fit face n'avait plus rien de triste. Au contraire, seule la surprise était peinte sur ses traits.

     -Dis-moi ma petite Maïa, pourquoi es-tu venu me voir ?

La Belle et la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant