Chapitre 6 -Du thé et des tasses en porcelaines-

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     J'avais du mal à faire quelques pas, malgré mon bourreau qui me tirait pour que j'avance. Je restai scotchée devant le château qui s'étendait devant. Grand, entièrement fait de briques, il semblait surplombé la forêt avoisinante et l'entièreté de la vallée.

Du lierre, par-ci par-là, grimpait le haut des murs et de nombreuses haies aux multiples fleurs de couleurs vives semblaient le porter.

Le château ne semblait faire qu'un avec la nature, et le spectacle accomplit était tout simplement prodigieux. J'avais l'impression de me retrouver devant un de ses nombreux clichés du manuscrit et qui représentait l'ancien monde. Une de ses photos où l'on pensait se trouver dans une autre dimension, où il fallait plisser les yeux pour découvrir tous les petits détails qui le représentaient. Était-ce le cas ?


Un coup brusque sur le bras m'interrompit dans ma rêverie, et alors que je m'apprêtai à protester, je retrouvai les prunelles onyx que je redoutai tant. Me murant finalement dans un silence stratégique, je suivis le soldat au ton bourru qui poussait désormais la porte de l'immense demeure.


L'intérieur était grand aussi. Les murs s'élevaient sur plusieurs mètres de haut et semblaient ne plus vouloir s'arrêter. Ils étaient tapissés de frasques anciennes, que je n'aurai jamais reconnues si je n'avais pas lu le manuscrit. Le sol, quant à lui était recouvert de carrelage et une immense cheminée se trouvait dans ce que je pensais être le salon.

Même si la décoration me semblait un peu vieille, le tout était aménagé de telle sorte que cet endroit me semblait chaleureux, accueillant. Rien à voir avec l'idée que j'avais eu en tête, c'est-à-dire un sol gris et poussiéreux, et des mailles d'acier pour mur.


L'officier ne me laissa pas une seconde et continua de m'emmener avec lui à travers les escaliers, et maintenant à travers les nombreux dédales du château. J'étais presque ravie de sa présence, trop heureuse de ne pas me perdre. J'ai bien dit presque. Parce que chaque fois qu'il posait ses billes noires sur moi, me réprimandant pour ne pas avancer assez vite, je voulais juste détaler aussi vite qu'un lapin pour ne plus le voir.


Il me faisait vaguement penser à un ours avec ses yeux noirs et ses cheveux complètement hirsutes. Un ours mal léché qu'un viendrait de réveiller de sa longue hibernation et qui était tout sauf content.

Il dut en avoir marre de m'attendre car il raffermit soudainement sa prise sur mon poignet et se mit à avancer vite. Bien trop vite. Si rapidement que j'avais l'impression de ne plus toucher le sol. Il n'était décidemment pas d'humeur.


Enfin, il me posa –littéralement- dans une chambre où il semblait impatiemment attendre quelqu'un, si je me fiais à son pied qui tapait furieusement le sol, à ses yeux qui faisaient l'aller-retour entre sa montre et la porte et à ses cheveux qu'il malmenait.

Je n'osais pas dire quoi que ce soit. Si en temps normal il ne me semblait pas avenant, c'était encore pire maintenant qu'il était décoiffé et agacé. Il râlait, pestait, maugréait à l'encontre de je ne sais qui. Et je ne voulais pas le savoir d'ailleurs. Si j'avais émis ne serait-ce qu'un son, il m'aurait sûrement hurlé dessus avant de m'insulter de je ne sais quoi. De ce que je pouvais entendre, il avait un vocabulaire particulièrement fleuri. Et assez développé. Je ne voulais pas en rajouter.


Ses traits s'adoucirent lorsque, quelques minutes plus tard arriva une vieille femme aux cheveux aussi blancs que la neige et aux yeux céruléens. Son visage fin, ses yeux en amandes, son nez étroit, sa chevelure immaculée, sa robe d'un bleu nuit profond soulignant sa silhouette... Tout chez elle semblait presqu'irréel. Comme si elle venait d'un autre monde. C'en était troublant.

La Belle et la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant