Chapitre 42 -Le calme avant la tempête-

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Keylan m'avait finalement déposé dans son lit mais rien ne s'était passé comme prévu. Nous aurions dû rattraper tout le temps que nous avions bêtement perdu. Qu'est-ce qui nous en empêchait après tout ? Le secret du château ? Je le savais déjà. Le fait que nous étions une seule et même âme ? Il me l'avait brièvement rapporté. Je ne comprenais pas totalement ce que cela signifiait, mais je pressentais que c'était important. Que c'était à l'origine de ce lien entre nous deux. Et je ne m'en plaignais pas, bien au contraire. Je savais qu'il répondrait à chacune de mes questions si jamais je venais à lui en poser. Mais ce n'était pas le moment, loin de là.

Keylan m'avait tout raconté. J'avais placé ma confiance en lui et il ne m'avait pas déçu. Alors pourquoi me regardait-il avec inquiétude ? Je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas ses yeux émeraude qui se posaient sur moi, essayant de garder en mémoire chacun de mes traits, comme si c'était la dernière fois qu'il me voyait. Ce n'était pas le cas n'est-ce pas ? Je n'avais aucune intention de partir. Pourtant, il était plus qu'inquiet. Allongé face à moi sur le lit, il me regardait presque douloureusement. C'était étrange, je l'avais toujours vu comme un homme fort. Là, je le voyais réellement, avec ses cernes, son teint un peu pâle et ses yeux ternes. Il semblait éteint et pour la première fois, le regarder m'était pénible.

Je fus coupé dans mes pensées par sa main qui se mit à effleurer doucement mes cheveux avant de descendre calmement le long de mon visage, de mon cou pour finir par s'arrêter à ma poitrine, juste au niveau du médaillon.

Il le décala et le regarda un court instant avant de caresser délicatement ma peau à cet endroit. Peau qui avait d'ailleurs été brûlée. Les cloques avaient disparues mais quelques rougeurs subsistaient encore. Il me faudrait encore un peu de temps pour guérir correctement.

Mais c'était la dernière de mes préoccupations. Ce que je ne comprenais pas, c'est comment j'avais été brûlée. Par le feu ? L'électricité ? Ce n'était pas le cas, j'en étais sûre et certaine. Ma mémoire était loin de me faire défaut.

Je soupirai bruyamment et enserrai le médaillon de ma main droite, comme s'il pouvait m'apporter toutes les réponses à mes questions. Sauf que je savais que c'était tout sauf le cas. Il représentait simplement le dernier souvenir que j'avais de ma mère.

     -Maïa ?

     -Hum ? Répondis-je distraitement.

     -Tu... Il se racla la gorge avant de continuer. Tu accepterais de me passer ton collier deux minutes ?

     -Non.

Ma réponse, franche et un peu sèche le surpris. Je me repris immédiatement.

     -C'est juste que je ne m'en suis jamais séparé. Ce n'est pas un simple collier tu sais et je... J'ai besoin de le garder auprès de moi.

     -Je... Je comprends, me répondit-il finalement après quelques secondes.

Pourtant, il n'y avait aucune conviction dans sa voix. J'avais même l'impression que cette réponse lui avait arraché la bouche. Je relevai alors les yeux vers lui et le vis fixer anxieusement mon médaillon. Je fronçais les sourcils. Y avait-il un souci ?

     -Pourquoi ? Il y a un problème ? Lui demandai-je.

Il soupira et se mit sur le dos, son avant-bras lui barrant la moitié du visage.

     -Keylan ?

Je n'obtins aucune réponse. Mais je sentis parfaitement son bras évolué sur le matelas, cherché ma hanche pour me ramener près de lui. Finalement, il me hissa sur son torse, posa une de ses mains au creux de mes reins et l'autre vint loger ma tête dans son cou.

La Belle et la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant