Chapitre 8 : Tic-Tac

3.3K 379 35
                                    

                D'ébahis, j'étais passé à gênée. Terriblement gênée. Sa bouche semblait collée à ma main et ses yeux vissés aux miens. J'avais dû atteindre une très haute teinte de rouge si je me fiais à la chaleur de mes joues. Sûrement vermeille.

Mais je n'osais pas enlever ma main de la sienne. J'avais un minimum d'éducation.

Oui, vraiment.

Je ne sais pas s'il y avait plus embarrassant comme situation, mais clairement, je m'en serai bien passé. Silencieusement, j'invoquais chaque divinité que je connaissais pour qu'elle me sorte de ce pétrin.


     -Arrête tes manières de rustre ! Tu ne vois pas que tu la gênes ?


Dieu merci, mon vœu avait été exaucé.

Tournant la tête vers la droite, je découvris un petit homme, assez bien portant avec un monocle sur l'œil gauche, une moustache en frisottis et une sorte de montre accrochée au coup.

Comme pour asseoir ses dires, il me fixa d'un œil appuyé, ce qui me fit rougir de plus belle. Je devais ressembler à une tomate. A une bonne grosse tomate bien mûre.


     -Mais cette teinte lui va à ravir ! S'exclama l'homme à la houppette. Comme si cela expliquait tout.

     -Ce n'est pas la question ! Tu n'avais pas des bougies à chercher ?

     -Ça peut attendre. Une dame se doit d'être saluée comme il se doit.


Mon dieu, je n'allais jamais cessé de rougir à ce rythme-là. Ça me faisait presque mal aux joues. Mais quand je regardai l'homme qui venait d'arriver, commencer à devenir rouge à son tour, je me sentis soulager. Bon, ce n'était pas trop gentil, mais au moins, je n'étais pas la seule dans ce pétrin.


Sauf que lui semblait littéralement rouge de colère. Je pouvais presque voir la fumée sortir de ses oreilles.

Ah. Ma connaissance en matière de relation humaine n'était pas très élevée, mais j'étais pourtant certaine que ça allait dégénérer.


     -Mais va chercher tes bougies bon sang !

     -J'y vais j'y vais. C'est si facile avec toi, lui dit-il en lâchant un rire un brin moqueur.

     -Dépêche-toi avant que je m'énerve Antonio !


Le dit Antonio ricana une dernière fois, me lança un sourire charmeur et partit, me laissant seul avec l'homme à la moustache qui remettait difficilement son col. C'était un sacré phénomène.


     -Veuillez l'excuser. Il a de sales manières quand il s'y met.

     -Euh... Je... Il n'y a pas de mal, bredouillai-je.


Je n'arrivais pas à me remettre de la scène qui venait de se dérouler. C'était tellement... Inédit pour moi que je ne savais plus vraiment quoi penser. Ni même comment me comporter. J'étais tout simplement perdue.


     -A quelle heure aviez-vous rendez-vous avec Keylan ?

     -A vingt heure trente, lui répondis-je.

La Belle et la BêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant