Le petit garçon pleurait silencieusement, il n'osait pas bouger de peur que le monstre tapi dans son dos ne se réveille et déchaîne une nouvelle fois son abominable colère contre lui.Il était paralysé sur le ventre, la tête tournée vers la grande et unique fenêtre de sa chambre. Quelques rayons de soleil filtraient à travers les carreaux, révélant la poussière qui flottait dans la pièce ; les fines particules dansaient avec nonchalance devant ses yeux. Il apercevait au loin le miroitement bleu et argenté du lac qui depuis toujours baignait ses rêves ; cette étendue d'eau si proche et pourtant inaccessible le narguait chaque jour, l'invitait à se jeter dans ses bras, mais il n'avait jamais été autorisé à s'y rendre. Ordre du Maître.
Soudain la porte s'ouvrit, affolant l'air et la tranquillité qui l'entouraient. Son cœur se resserra subitement dans sa petite poitrine mais les pas qui approchaient étaient légers, cela le rassura immédiatement ; ce n'était pas Lui, c'était déjà ça...
- Murtagh, dit une femme une note de joie dans sa voix douce, la plus belle de toute.
Un bonheur sans limite le submergea, s'empara de son âme, il ne s'attendait pas à ce moment qu'il espérait néanmoins depuis une éternité.
- Maman, murmura-t-il d'une voix sourde tant cela faisait longtemps qu'il n'avait pas parlé.
- Je suis là mon chéri.
La jeune femme s'agenouilla devant lui, un sourire bienveillant sur le visage. Elle passa une main fraîche dans ses cheveux et se pencha pour l'embrasser. Sur la joue. Sur le front. Sur les yeux. Sur la bouche... Il retint ses larmes, il ne voulait pas pleurer quand elle était là, il préférait rire et jouer sur ses genoux.
Et dire qu'avant ce petit garçon ne reconnaissait même pas sa mère à qui on l'avait arraché dès sa naissance. Et dire qu'avant elle n'était qu'une simple femme qui venait lui rendre visite de temps en temps, qui lui apportait des jouets et des baisers avant de repartir en hâte. Mais il avait fini par comprendre, dans ce monde cruel et effrayant, que seule cette femme méritait d'avoir de l'importance à son cœur. Elle seule était honnête, elle n'affichait pas le regard cupide des serviteurs qui s'occupaient vaguement de lui dans le seul but de gagner leur pécule, qui craignaient d'être présents lorsqu'il faisait une bêtise et que le Maître le punissait, de peur d'être châtiés à leur tour. Quand elle venait tous ses soucis disparaissaient, sa main douce, sa voix réconfortante et son parfum printanier le réchauffaient.
Généralement Il n'était pas avec elle, auquel cas Ils la surveillaient, lui et l'immense créature cramoisie qui L'accompagnait sans arrêt. En réalité, Lui non plus ne cachait pas ses pensées en sa présence ; il ne voilait pas son mépris ni son plaisir pervers à le tourmenter, qu'il fût saoul ou pas ; en quelque sorte Il était honnête aussi. Mais le petit garçon ne L'aimait pas, ne pouvait pas L'aimer, comment aimer un homme qui ne fait que vous tourmenter ? Même si c'était son père... La seule chose qu'il souhaitait était de ne jamais Le revoir et la seule façon pour que son rêve se réalisât était qu'Il meure. Mourir. Un bien grand mot pour un si petit être présent dans le monde depuis si peu de temps.
Pourtant il n'était pas sans ignorer la signification de ce mot. Tu es là, tu meures, tu n'es plus là. Une définition sommaire mais qui semblait résumer à ses yeux le sens de la mort ; il ne percevait pas encore le lourd héritage que laissent ceux qui disparaissent et ne répondent plus.
- Maman, articula-t-il.
Des sanglots incontrôlables naquirent au fond de sa gorge, il voulut les refouler mais n'y parvint pas. Non, il ne devait pas pleurer, pas en sa présence ! Il voulait profiter de ces rares moments de joie mais depuis Ce jour-là, la joie n'était plus qu'un souvenir flou et insaisissable...
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Fanfiction Eragon - Les Liens du Destin - Terminée
Fantasy"Tout commence par un rêve", dit-on, mais pour elle tout avait commencé par un cauchemar. Un songe obscur et dénué de chaleur, contenant les derniers souvenirs d'une vie passée, devenant les premiers souvenirs d'une vie nouvelle... Jéna s'était ains...