Chapitre 64 : Nuits étoilées

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Une fine pluie tombait entre les pins du Du Weldenvarden. Les deux cavalières avançaient rapidement, leurs montures franchissaient buttes, ruisseaux et buissons avec aisance comme si ces obstacles n'existaient pas.

Quelques jours à peine s'étaient écoulés depuis leur départ mais il semblait déjà à Jéna que sa vie parmi les Elfes n'avait été qu'un songe lointain.

- J'aurais aimé ne pas vous quitter. Mais ma place est ailleurs.

C'était juste après la fin de l'Agaeti Sänghren, au moment où les esprits retrouvaient de leur clarté et, fourbus, allaient prendre quelque repos. Jéna avait revu Eyr une dernière fois, elle avait réussi sa dernière épreuve. Plus rien ne la retenait loin de l'Histoire.

- Je me doutais que tu ne pourrais rester encore longtemps, répondit Malthadrin.

- Je suis navrée.

- Ne le sois pas, Jéna. Je te comprends mieux à présent. tu n'es plus l'enfant que tu étais autrefois.

Ils échangèrent un long regard mêlé de peine et d'affection.

- Va ! Ne regrette rien ici, mais n'oublie pas que tu y seras toujours la bienvenue.

- Merci, mon ami.

Et l'elfe une dernière fois l'avait embrassée sur le front avant de la laisser partir.

L'étalon blanc de lui-même esquiva un buisson d'épines. Jéna n'avait nul besoin de le guider, l'animal connaissait la route qu'il devait choisir et ne demandait qu'un peu de douceur et de reconnaissance pour transporter sa cavalière.

Le soir approchait et avec lui des nuages d'orage. Déjà la pluie avait doublé d'intensité et pas même les plus grosses branches n'abritaient la mousse aux pieds des arbres.

- Je connais des grottes où nous serons à l'abri à une heure de chemin, annonça Arya à travers le déluge. Encore un petit effort !

Quelques temps après en effet, après avoir abandonné tout espoir de se protéger de la pluie, elles aperçurent la paroi d'une montagne à travers le scintillement d'un premier éclair. Elles trouvèrent sans peine une cavité au-dessus du sol ce qui l'empêchait de prendre l'eau, profonde de trente pieds. Elles dessellèrent les chevaux et installèrent un camp sommaire composé de leurs couvertures et d'un erisdar placé entre elles deux. Elles se dévêtirent, se séchèrent et changèrent leurs habits pour des secs, mettant les autres à sécher sur des rochers. Elles auraient tout aussi bien pu utiliser un sort pour cette dernière action mais aucune d'elle ne parut ne serait-ce qu'y penser. Après cela, les deux femmes s'emmitouflèrent sous les couvertures et grignotèrent quelques baies et des biscuits. Dehors l'orage battait son plein, les éclairs dessinaient des formes dans les nuages et éclairaient les arbres plongés dans une nuit précoce. Le tonnerre retentissait à en faire trembler la montagne. Les chevaux malgré tout restaient calmes, moins craintifs que les montures ordinaires que l'on trouvait chez les Hommes ; même les beaux Feu-de-Neige et Tornac auraient renâclé, pensait Jéna. Elle se demanda soudain si leurs chevaux avaient été emmenés au Surda eux aussi. Le pauvre Puceron la reconnaîtrait-il ?

- Puis-je te demander quelque chose ? Déclara soudain Arya.

La jeune fille releva la tête et croisa le regard de l'elfe. Son expression était indéchiffrable comme si elle ne savait pas trop laquelle afficher : hésitation, tristesse, sérieux ?

Fanfiction Eragon - Les Liens du Destin - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant