Fanfiction Eragon - Les Liens du Destin - Terminée

Chapitre 78 : Devenir quelqu'un

La jeune femme s'arrêta quelques pas plus loin.

- Je suis désolée, je me suis fourvoyée... depuis toujours.

Murtagh s'était figé sur place. Il avait senti la Main Noire lui effleurer la paume, et permettre à ses propres doigts de toucher les cicatrices sur son bras dénudé. Puis ces mots prononcés avec tant de douceur. Malheureusement il en saisissait tous les sous-entendus.

Je me suis trompée, l'amour que je croyais éprouver pour toi n'avait rien de vrai.

C'était impossible, elle mentait ! Quelqu'un, Galbatorix peut-être, l'avait forcée à dire ça. Pourtant sa voix n'exprimait aucun regret et elle ne gagnait rien à le rejeter de la sorte. Mais alors pour quelle raison s'être mise sur son chemin, qu'est-ce qui l'avait poussée à se retrouver dans la présente situation ?!

Une pensée traversa soudain son esprit, qui le fit se retourner et croiser le regard de Jéanna. Elle le fixa de ses yeux teintés d'une fermeté nouvelle, les traits tirés par le manque de sommeil.

Quelque chose se passa entre eux, chacun reconnut que leur combat des derniers jours était terminé car, il n'avait plus lieu d'être. La flamme s'était éteinte. Le Dragonnier sentit au fond de son cœur un espace s'évanouir, une lueur passée être engloutie par la noirceur de son existence. Il sut à ce moment qu'aucun espoir ne viendrait de Jéanna, cependant le contact de sa main dans la sienne demeurait, elle restait à ses côtés.

Après une éternité pétrifié dans l'ahurissement, Murtagh finit par revenir à la réalité. Son visage se détendit et il déclara :

- Repose-toi quelques heures. Tu dois reprendre des forces.

Jéanna acquiesça puis retourna dans la demeure.

Sa respiration était calme, elle n'avait pas encore conscience de l'exploit déchirant qu'elle venait de réaliser ni que plus une seule larme ne viendrait couler sur ses joues.

Elle avait fermé son cœur.

Elle ne pouvait aimer Murtagh ainsi qu'elle l'avait autrefois désiré, cependant la mission qu'elle s'était donnée valait toujours, elle libérerait le jeune homme, elle veillerait sur lui ainsi qu'elle l'avait promis et pour se faire elle devait rester à ses côtés. Elle deviendrait son alliée.

Tournant machinalement la bague qui sertissait son doigt, elle monta se coucher. Son esprit était serein, il savait ce qu'elle devait accomplir.

La matinée n'était pas encore terminée lorsque Jéanna se réveilla, habitée d'une détermination nouvelle. Quelques heures seulement s'étaient écoulées pourtant il lui semblait qu'une vie entière était passée depuis la décision qu'elle avait prise. Une page se tournait, elle devait à présent écrire les suivantes et parvenir au point final avec brio.

Cela commença par demander à un serviteur – il y en avait toujours un non loin prêt à répondre au tintement d'une clochette – de faire appel aux couturiers de la Cour. L'ordre aussitôt donné, une ribambelle d'hommes et de femmes arriva dans le salon de ma Dame et lui présenta les divers tissus et voilages, chaussons ou collerettes les plus prisés.

Siégeant avec autorité face à tous ces gens, la Main Noire les laissa se battre pour capter son attention sur leurs marchandises, avant d'enfin exprimer une première réaction qui figea immédiatement l'assistance. Le sourire de cette femme, si bienveillant soit-il, n'était pas pour rassurer quiconque avait entendu parler du dîner du roi trois jours auparavant.