Chapitre 8 : L'île endormie

519 33 13
                                    

- Je le sais, c'est tout.

Eragon, se renfrogna, cela faisait une bonne vingtaine de minutes qu'il tannait Jéna pour qu'elle lui dise comment elle avait pu les retrouver, et savoir qu'ils suivaient la piste de l'huile de Seithr qui les amèneraient jusqu'aux Ra'zacs. Brom paraissait bien s'amuser à les entendre se chamailler.

« Elle pourrait quand même me le dire, rouspétait-il à Saphira

« Chacun a le droit d'avoir ses secrets...

« Mais elle vient à peine d'arriver, comme une fleur, elle s'incruste dans notre groupe et voudrait que je lui fasse confiance comme ça ?!

« Brom lui fait confiance, n'est-ce pas assez?

« Non. Je ne comprends vraiment pas, comment peut-elle savoir autant de chose sur nous ?

« Je ne sais pas, elle est peut-être voyante.

« Ou bien elle nous suit depuis que nous sommes partis.

« C'est impossible et tu le sais bien. Tu trouves ça louche que quelqu'un qui t'es étranger veuille t'aider, c'est tout.

« Admets quand même que c'est étrange qu'elle apparaisse d'un coup comme ça.

« Elle t'a sauvé la vie...

« hufmm

« ...et tu ne supportes pas qu'une fille t'ait secouru.

Eragon sentit l'amusement de la dragonne, il maugréa intérieurement et rompit le contact avec Saphira.

Il voulait savoir ce que cachait Jéna, et même si c'était fort impoli de sa part, il étendit son esprit vers le sien. Ce qu'il y découvrit était très étrange. Il se trouvait au milieu d'une petite étendue d'herbe entourée par des bois, en pleine nuit, les feuilles ondoyaient au rythme d'un vent qu'il semblait percevoir. Au milieu il y avait un petit lac, six rochers dépassant de l'eau conduisaient à un îlot où poussait un cerisier. Il était en fleur. Mais l'obscurité ambiante rendait ternes les couleurs qu'auraient dû avoir ses pétales. L'endroit était magnifique, mais aussi terrifiant. Terne, froid, gris. Il manquait le soleil, la clarté du jour.

« Eragon, ne te perds pas, l'avertit Saphira.

Reprenant ses esprits, Eragon retourna dans son propre corps, bouleversé par cette sensation d'égarement qu'il avait ressentie.

« Que m'est-il arrivé?

« Je ne sais pas, j'ai eu l'impression que tu partais...

« C'est étrange...

Il considéra Jéna d'un œil suspicieux. Après avoir inspecté, sans succès son esprit, si différent de ceux qu'il avait déjà vus, il la regarda.

Elle était légèrement plus petite que lui bien que plus âgée de trois ou quatre ans. Sa peau claire contrastait avec le châtain foncé de ses cheveux. Ces derniers étaient tressés et maintenus par un ruban rouge vif; ils descendaient tout le long de son dos jusqu'en haut des cuisses. Elle avait des yeux de chat, légèrement en amande, d'une couleur brune illuminée par des paillettes dorées qui rendaient son visage toujours souriant ou toujours mélancolique, comme humide de larmes. Il était arrondi mais bien dessiné, ses lèvres petites et fines, son nez, aquilin, n'en était par pour autant pointu et agressif. Des cernes de fatigue assombrissaient sa figure mais ne l'enlaidissait nullement. Elle chevauchait avec aisance et dignité, le dos droit mais pas raide, les mains détendues sur les rennes...

« ...telle une noble » pensa Eragon.

De fait, Jéna était belle. Tout simplement. Le jeune homme ne l'avait jamais remarqué. « D'ailleurs, se dit-il, si les gens n'avaient pas eu tant de méfiance à son égard, ils l'auraient certainement constaté eux aussi... »

Fanfiction Eragon - Les Liens du Destin - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant