Le soleil était dissimulé derrière de sombres nuages. Ce n'était pas un temps à mettre le nez dehors, pourtant c'était bien l'intention de Jéanna. Ses parents l'avaient laissée dormir jusque tard ce jour-là et n'avaient pas paru préoccupés de lui donner ses leçons quotidiennes. Elle était restée sagement à les attendre toute la matinée, puis plus de deux heures après midi, mais personne n'était venu lui dire de se préparer pour tel ou tel exercice. L'espoir qu'elle avait eu de pouvoir en profiter pour sortir avait grandi au fil du temps jusqu'à ce qu'elle se décide enfin.
Elle enfila ses bottes avec frénésie, attrapa une cape légère et sortit avec hâte et discrétion de sa chambre, refermant la porte doucement. Elle descendit ensuite les escaliers, priant pour que personne ne la croise mais les serviteurs étaient occupés ailleurs et ses parents dans le salon à en croire le murmure étouffé de leurs voix qui lui parvenait aux oreilles.
Elle allait sortir lorsque des mots un peu plus vifs piquèrent sa curiosité.
- Il faut lui dire Tôcen !
- Pas si fort chérie, la réprimanda durement son père.
- Ne t'obstines pas dans cette voie, continua Meryë sans tenir compte du conseil de son mari, que dirait-elle si c'était lui qui lui annonçait ? Que penserait-elle ? Si tu veux qu'il l'enrôle facilement, tu es sur le bon chemin, crois-moi !
La jeune fille s'approcha du chambranle entrebâillé d'où provenait la dispute. Pourquoi espionner ses parents ? Elle se sentait mal de faire cela, mais sa curiosité était plus forte ; de plus ils ne se querellaient jamais...
- ...sais très bien que je ne souhaite pas ça, disait Tôcen. Mais elle n'est pas suffisamment grande pour l'apprendre.
- Elle risque de ne jamais atteindre cet âge non plus, rétorqua Meryë. Imagine qu'il nous punit et Jéanna aussi ! Tu pourras être fier de lui avoir évité de devenir une femme !
La voix de sa mère se fêla, troublant Jéanna un peu plus. Elle ne comprenait pas qui était ce « il », ni ce que ses parents semblaient lui cacher, mais une étrange peur enflait dans son ventre.
- Comment veux-tu lui annoncer ? Chérie, ta mère et moi avons des choses importantes à te dire... Non. Je suis d'avis que nous l'emmenions sans lui expliquer avec exactitude où. Une fois sur place elle aura tout le temps de comprendre.
- Elle n'acceptera jamais de venir, souffla Meryë, lasse.
- Pourquoi.
- Tu le sais aussi bien que moi. Tornac le sait parfaitement aussi.
- Nous la forcerons, nous n'avons pas le choix.
Un long silence s'ensuivit, puis Meryë reprit.
- J'aurais tant aimé ne pas avoir à la séparer de Murtagh... Elle ne s'en remettra pas.
- Il le faudra pourtant...
La suite, Jéanna ne l'entendit pas. Elle se recula, choquée par ce qu'elle venait d'entendre. Pourquoi ? Comment ? COMMENT osaient-ils vouloir la séparer de Murtagh ? Ne lui faisaient-ils pas déjà assez de mal en la cloîtrant entre quatre murs, lui bourrant la tête d'informations toujours plus nombreuses et difficiles à déchiffrer ?!
Elle se retourna, frustrée et énervée mais au moment de poser la main sur la poignée ouvragée, une voix de femme l'interpella.
- Où vas-tu ?
Jéanna inspira profondément, chassant du mieux qu'elle put les émotions qui menaçaient de la submerger, puis se retourna.
- Voir Murtagh.
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Fanfiction Eragon - Les Liens du Destin - Terminée
Fantasy"Tout commence par un rêve", dit-on, mais pour elle tout avait commencé par un cauchemar. Un songe obscur et dénué de chaleur, contenant les derniers souvenirs d'une vie passée, devenant les premiers souvenirs d'une vie nouvelle... Jéna s'était ains...