Fanfiction Eragon - Les Liens du Destin - Terminée

Chapitre 53 : Suis la voie qui te parle

Le ciel était gris ce jour-là, il plongeait dans une semi-pénombre la cité d'Ellesméra. Jéna et Arya marchaient côte à côte entre des rangées de plantes rares que les elfes faisaient pousser sous une immense serre pas loin de Tialdari Hall. Les deux femmes avaient longuement discuté à propos de leur précédente rencontre, et de la dispute qui avait eu lieu. Jéna avait présenté ses excuses et Arya les avait acceptées, exprimant elle aussi les torts qu'elle avait eus lors de leur querelle. Pour finir, tout simplement, elles avaient changé de sujet et bavardé comme le feraient deux amies en banales circonstances.

Des gouttes de pluie commençaient à tomber sur le toit de verre. Jéna leva les yeux et aperçut les vitres se voiler ; des feuilles et des épines s'y collaient également, arrachées de leur arbre par le vent. A ce moment, Arya s'arrêta et fit face à la jeune fille.

- Tu sais, dit-elle. Je suis au courant que tu fréquentes Bjart Eyreya.

Jéna haussa un sourcil.

- Et bien ? Demanda-t-elle.

- Je voulais te mettre en garde contre elle, Jéna. Même les autres elfes l'évitent ; ses sautes d'humeur sont trop imprévisibles, cela peut être dangereux.

La jeune fille faillit rétorquer quelques mots cinglants, mais elle parvint à se retenir et répondit à la place :

- Merci de t'inquiéter. Mais c'est inutile, je peux prendre soin de moi.

Arya pencha très légèrement la tête sur le côté.

- Je t'assure, poursuivit Jéna. Je sais qu'Eyr a des réactions parfois surprenantes. Je fais attention.

- Vraiment ? Je veux te croire Jéna ; je ne souhaiterais pas qu'il t'arrive quoi que ce soit...

- Que pourrait-il m'arriver ? Sourit la jeune fille.

Faillir se faire dévorer par un écureuil irritable puis, pousser dans le vide par une elfe au sens de l'humour incompris ; quoi d'autres pouvaient survenir après cela ?

Cependant l'inquiétude d'Arya était visible. Jéna savait que quelque chose n'allait pas chez Eyr, mais plus que ses doutes, c'était sa curiosité qui se voyait piquée alors que son amie tentait de la prévenir.

- Eyr est bien plus âgée que tu ne l'imagines, fit Arya en se remettant à marcher. Ses pensées, son caractère sont devenus au fil du temps aussi entortillés que les racines des arbres. Jamais personne ne la côtoie.

- Peut-être souffre-t-elle de la solitude dans ce cas ?

- Tu es bien naïve, soupira Arya.

- C'était du second degré, précisa la jeune fille.

L'elfe ne répondit rien. Un des préposés à l'entretien de la serre les croisa en inclinant le menton pour les saluer. Il portait un tablier, et une serpe était accrochée à sa ceinture.

- Je ne peux pas t'empêcher de voir qui tu veux bien sûr, poursuivit Arya. Mais je tenais à te dire ce que j'en pensais. Garde mes conseils en mémoire, ils te seront peut-être utiles un jour.

La pluie se fracassait sur l'immense véranda, provoquant un bruit assourdissant. L'animal suivit encore quelques secondes du regard les deux personnes en-dessous. Puis les branches d'un arbre aux larges feuilles lui cachèrent la vue. Il passa rapidement ses pattes sur son petit museau, s'ébroua, avant de s'en aller ; ses bonds s'entendant à peine à travers les gouttes d'eau venues du ciel.