Chapitre 58 : La valeur de la tendresse

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Malthadrin marchait en silence. Il suivait un sentier bordé de mûriers aux épines larges qui gardaient leurs fruits rouges et noirs hors de portée des prédateurs. Jéna n'avait dit un mot à l'elfe car, elle sentait le moment mal venu. Lasse, elle s'était à moitié assoupie contre son torse, recherchant la chaleur qu'il dégageait et écoutant les battements apaisant de son cœur. Malgré les innombrables sortilèges qui entouraient la forêt du Du Weldenvarden, aucun n'empêchait les grosses averses de s'abattre régulièrement dans la région ; mais après tout, sans eau, aucune nature ne pouvait survivre bien longtemps.

Ils approchaient de la ville. Déjà ils pouvaient apercevoir quelques maisons dissimulées dans les arbres, ainsi que la lumière des lampes qui s'allumaient dans la pénombre du ciel orageux.

- Cela te dérange-t-il de faire un détour par chez moi ? Demanda Malthadrin. Ce n'est plus très loin d'ici et nous pourrons attendre que le temps s'apaise.

- D'accord. Je pense pouvoir marcher maintenant.

- Bien sûr.

L'elfe lui sourit. Il s'arrêta et la déposa sur ses pieds délicatement puis, ils se remirent en route. Il emprunta des marches sur sa gauche qui les menèrent à une autre piste suivant la courbe ascendante du terrain. Son immobilité avait engourdi Jéna qui grimaça, cependant ses courbatures s'allégèrent bien vite alors qu'elle se mouvait enfin et elle put suivre son ami sans le ralentir.

Ils cheminèrent sur une voie décorée de fleurs et de lierre argenté que la pluie rendait plus éclatants. Une biche qui dégustait quelques feuilles fut surprise par leur arrivée ; elle bondit en travers du chemin et s'enfuit en vitesse par delà un bosquet dégorgeant d'eau. Malthadrin prit ensuite sur la droite et ils traversèrent une passerelle qui enjambait une route en dessous, jusqu'à d'autres pins aménagés de terrasses et d'auvents. Dès lors ils se retrouvèrent à l'abri. Jéna souffla en essuyant son visage qui dégoulinait. Il faisait bon sous les toits et l'humidité restait à l'extérieur comme si une barrière invisible, autre que le bois, la retenait.

Ils continuèrent leur avancée, passant dans des corridors qui traversaient des arbres entiers, montant puis descendant des volées de marches, jusqu'au moment où Malthadrin marqua un temps d'arrêt devant une arche. Celle-ci était sculptée de formes mouvantes et de fleurs stylisées et surplombait un petit pont qui menait à la porte d'entrée de son habitation. Accrochée à une branche immense qui se perdait vers l'arbre suivant, la maison s'envolait en direction des cimes et laissait voir un balcon de l'autre côté qui paraissait comme suspendu dans le vide.

Ils franchirent les derniers pas et entrèrent. Jéna n'avait jamais pénétré dans la maison d'un elfe, elle ne connaissait que sa chambre de Tialdari Hall et ne s'était pas imaginée l'intérieur qui lui faisait désormais face. Le foyer de Malthadrin se composait d'une vaste pièce à vivre circulaire, disposant de huit hautes fenêtres qui captaient la lumière à tout moment de la journée. Une porte close dans le fond devait donner sur une autre pièce tandis qu'un escalier en colimaçon s'élevait vers le plafond et l'étage simplement séparé du reste pas une rambarde blanche et un rideau léger qui flottait lentement.

- Viens.

L'elfe lui prit la main et la guida vers la large banquette qui était posée devant un âtre ; seule pièce de pierre de la salle, propre mais souvent utilisé au vu des marque qui en creusaient le socle, et celles qui coloraient son four. Il la fit s'asseoir et d'un tiroir sous le siège, sortit une couverture aux motifs bigarrés qu'il posa sur ses épaules. Elle était douce et la réchauffa instantanément. Un subtil parfum de rose en émanait, lui rappelant celui que portait Malthadrin. Ce dernier s'accroupit devant elle et entreprit à son tour d'examiner ses ecchymoses. Il effleura son genou droit avant de redresser la tête vers elle.

Fanfiction Eragon - Les Liens du Destin - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant