Le feu. Où qu'il tourne la tête. Sa peau semble fondre sous la chaleur de l'incendie, pourtant il ne ressent pas la peur que pareilles circonstances devraient provoquer.
- Allons-y !
Cette femme qu'il respecte plus encore que sa mère le conduit dans la mêlée. Elle triomphe des flammes, réduit à peau de chagrin les craquements infernaux du bois qui brûle, des grains de blé qui crépitent à côté d'elle. Il la suit aveuglément le cœur certain de son succès lorsque tout à coup une langue glacée transperce son âme de part et d'autre. Il hurle à la mort, essaye en vain de s'extraire des griffes assassines. Elles l'entraînent loin de son maître qui ne se doute de rien. Il appelle alors son nom, l'espoir immense de la voir accourir et le délivrer.
Mais aucune réponse ne parvient.
Il crie de nouveau. Alentours, l'obscurité remplace les mille reflets de l'enfer dans lequel il pensait se distinguer. Rien, pas d'appel, pas de cris alertés pour le rechercher. La morsure du froid étouffe celle de la fournaise.
Il est seul.
Si seul.
.
Les jours se succédaient paisiblement ; les deux compagnons exécutaient une boucle autour des vallonnements qui bordaient le Ramr. Ils venaient de traverser le fleuve la veille, via l'un des ponts tout juste terminés que la reine Nasuada avait mis en chantier lors de son accession au trône. Selon elle un pays gagnait en prospérité lorsque ses habitants pouvaient voyager facilement. Désormais Jéna et Haldir remontaient droit vers le nord.
Les villages qu'ils croisaient n'éveillèrent aucun intérêt de leur part, pas plus qu'ils n'éveillèrent l'intérêt des villageois. Deux voyageurs de plus, que cela pouvait-il bien changer à la face du monde ? Ce fut seulement en ce début d'après-midi, qu'ils rencontrèrent enfin de l'animation.
Pas que les heures de discussions enflammées avec son maître l'ennuyaient ou les efforts tant physiques que mentaux auxquels il était régulièrement soumis n'occupaient pas son temps, mais Haldir souhaitait apprendre du métier. Il s'imaginait dans plusieurs années, envoyé en mission à travers l'Alagaësia réparer les torts et apporter son secours à ceux dans le besoin. Tel Jéna.
Ils rejoignaient la grand-route qui reliait Bullridge à Dras Leona, lorsqu'une silhouette plus loin les interpella. Un chariot avait versé, et on entendait les hennissements alarmés des chevaux empêtrés dans l'attelage. Haldir n'écouta que son instinct qui lui dictait d'aller apporter son secours au devant et talonna sa monture. Il s'élança mais Jéna le retint aussitôt.
- Haldir ! Pas si vite !
D'autant plus alerté par l'exclamation de son mentor, le garçon tira sur les rênes brusquement. Il jura en lui-même, certain d'avoir blessé Luhvia.
- Qu'est-ce qu'il y a ? S'écria-t-il. N'allons-nous pas aider ces pauvres gens ?!
- Bien sûr que si, rétorqua Jéna dont l'air effarouché l'interloqua. Mais première règle à respecter avant de se précipiter comme tu l'as fait : te protéger, toi.
Son maître arriva à sa hauteur et lui désigna la route qui s'étendait entre eux et le chariot. Haldir eut la poitrine contrite. A dix pas de là, les pavés qui constituaient le chemin avaient disparu, remplacés par un fossé profond qui s'ouvrait abruptement sous les pieds. Lancé au galop il n'aurait jamais pu s'arrêter à temps. Son cheval serait tombé et il ne voulait imaginer ce qui se serait alors passé.
- Tu comprends pourquoi je te dis ça, lui demanda la jeune femme.
- Je n'aiderai personne mort.
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Fanfiction Eragon - Les Liens du Destin - Terminée
Fantasi"Tout commence par un rêve", dit-on, mais pour elle tout avait commencé par un cauchemar. Un songe obscur et dénué de chaleur, contenant les derniers souvenirs d'une vie passée, devenant les premiers souvenirs d'une vie nouvelle... Jéna s'était ains...