La jeune fille face à elle était méconnaissable : les cheveux retenus en un chignon élaboré ; un peu de maquillage pour unifier son teint pâle ; une robe blanche et rouge sans manches qui traînait légèrement sur le sol et mettait en valeur les courbes encore discrètes de son corps ; un collier en argent qui scintillait à la lueur des chandelles.
Elle n'était pas laide.
Mais c'était le seul compliment qu'elle se ferait.
Elle soupira. Le corset serré l'empêcha d'exhaler trop fort, elle se tortilla pour obtenir un peu plus de liberté mais en vain. Des sentiments contraires partageaient son âme : crainte et envie, espoir et résignation, excitation et frustration. Une boule d'angoisse s'était néanmoins formée au fil de la journée s'était avancée, penchant la balance du côté le moins palpitant, le plus angoissant.
- Jéna ! Cria une voix au loin.
Elle ferma les yeux un instant et déglutit : c'était l'heure.
Relevant sa robe et ses jupons encombrants elle se dirigea d'un pas contenu vers l'escalier, puis en descendit les marches une à une, prenant bien soin de ne pas déranger sa tenue. Arrivée au palier du milieu, elle fit une halte et regarda devant elle. Ses parents l'attendaient en bas, un sourire fier et ému sur le visage. Elle sourit à son tour.
Comme toujours lorsqu'ils assistaient à une réception, ils étaient vêtus de façon inversée : Meryë portait son plus bel uniforme aux armoiries de l'Empire et Tôcen une longue tunique pourpre qui faisait ressortir ses cheveux sombres coupés courts. Ils se feraient aisément remarquer et cela embêtait Jéanna qui néanmoins ne dit rien.
- Tu es magnifique mon amour, commença Meryë.
- Mère, ne m'appelle pas comme ça. Je ne veux pas mourir de honte, s'exclama la jeune fille en rougissant.
- Bien, Ma Dame, se corrigea Meryë en inclinant légèrement la tête en signe de respect feint, ses yeux pétillaient malicieusement.
- Maman !
Le rire clair de la femme à la chevelure d'or se mêla à celui, plus profond de Tôcen.
- Allons-y, déclara ce dernier. Tu ne voudrais certainement pas arriver en retard Jéanna ou bien tous les regards se tourneront inexorablement vers toi...
La jeune fille fit la moue et rejoignit ses parents, un mince sourire éclairait cependant son visage.
Les réceptions que donnait le roi se tenaient toujours dans la même salle du palais, une immense pièce exposée plein sud. Elle devait être entourée de protection magique car l'été et le reste de l'année l'atmosphère n'y était pas irrespirable ou glaciale mais constamment douce et agréable ; tant qu'il n'y avait personne...
Quand elle pénétra sous l'arche des doubles portes, Jéanna resta subjuguée par tant de splendeur. Les murs de marbre blanc étaient recouverts de tapisseries grandioses représentant dragons, scènes de combats glorieux et paysages enchanteurs ; des lustres de cristal illuminaient les robes de mousseline et de soie, faisaient étinceler les armes d'ornement et briller les bijoux et le carrelage poli. Des flambeaux dans leurs vasques rutilantes éclairaient les angles de la majestueuse assemblée.
La foule était nombreuse, composée des membres de la Cour et des quelques invités de marques du roi. Tous étaient rassemblés en petits groupes épars, discutant entre eux et lançant des regards insistants et indiscrets sur untel ou untel ; on voyait ici et là les plus jeunes ou les plus estimés se faire aborder sans ménagement par les Courtisans dans le but d'enrichir leur cercle d'amis ou de se rapprocher du souverain.
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Fanfiction Eragon - Les Liens du Destin - Terminée
Fantasía"Tout commence par un rêve", dit-on, mais pour elle tout avait commencé par un cauchemar. Un songe obscur et dénué de chaleur, contenant les derniers souvenirs d'une vie passée, devenant les premiers souvenirs d'une vie nouvelle... Jéna s'était ains...