Fanfiction Eragon - Les Liens du Destin - Terminée

Chapitre 56 : Chez toi

            

Elle posa sa main sur la coquille étincelante et sourit. L'œuf était agréablement tiède, soit parce qu'il fut au soleil, soit grâce au petit être niché à l'intérieur. Soluskopa effleura la surface lisse qui était fort douce au toucher. Elle ferma les yeux et en se concentrant quelque peu, eut l'impression d'entendre à l'intérieur un cœur battre vigoureusement. Les pulsions se répercutaient à travers toute la paroi qui fourmillait alors de légers tremblements.

-                     C'est merveilleux, souffla-t-elle.

-                     N'est-ce pas ?

Arya avait fini par la rejoindre et se tenait à ses côtés, visiblement aussi émue qu'elle. Elle caressa l'œuf d'une main légère.

-                     Cela fait une dizaine d'années que je veille sur lui, dit-elle. J'ai l'impression de le connaître à présent, comme un vieil ami. Je viens lui parler le plus souvent possible. Si tu le souhaites tu peux venir toi aussi, dès que tu en as envie.

-                     Merci, ça me ferait très plaisir. C'est étrange quand même, continua la jeune fille. Tant d'années ont passé et il n'a toujours pas éclos.

-                     On ne peut prévoir quand il le fera, mais l'heureux élu aura sur ses épaules de lourdes responsabilités, on peut se demander s'il est à envier ou à plaindre.

-                     Quelles que seraient ses charges, prononça Soluskopa, le regard fixé sur l'œuf immobile. Je pense que cette personne sera la plus heureuse du monde.

***

-                     Aïe !

La jeune fille s'arrêta et dégagea son pied droit qui s'était pris dans une fine racine dépassant de terre. Ce matin-là, sa jambe la faisait particulièrement souffrir, elle regrettait d'être sortie pour se promener. Mais à son réveil, la douleur était normale, ni plus ni moins forte que les jours précédents. Ce n'est qu'après une demi-heure de marche qu'un vif élancement l'avait prise et elle avait décidé de rebrousser chemin. Seulement à chaque pas, sa démarche se faisait plus hésitante, elle pouvait à peine s'appuyer sur son pied tant son tibia était douloureux. Toujours cette même sensation qu'une épine remontait le long de son os et enflammait tous ses muscles.

-                     Quelle poisse, jura-t-elle entre ses dents.

Ce n'était pas dans ses habitudes de pester, mais ses nerfs commençaient à découvrir, ou redécouvrir, la notion d'agacement. Deux longs mois d'abattement s'étaient écoulés depuis qu'on l'avait secourue, et la jeune fille, petit à petit, retrouvait goût à la vie. Elle s'était fait des amis qui paraissaient réellement l'apprécier, et cela lui faisait chaud au cœur de savoir qu'il existait des êtres pour qui elle comptait. Bien que ses nuits demeurent mouvementées et que son corps et son esprit soient encore fragiles, elle reprenait usage de ses moyens dans ce monde qu'elle apprenait à connaître et chaque jour voyait sa confiance en soi se renforcer.

Soluskopa avança de quelques foulées supplémentaires, avant de se laisser aller contre la racine géante d'un pin, soufflant comme si elle avait couru toute la journée. Elle avait la nuque dégoulinante de sueur pourtant son corps tremblait de froid et de fatigue. Elle leva le visage au ciel mais n'aperçut que l'épais plafond d'aiguilles à travers lequel de rares rayons de soleil filtraient. Des oiseaux gazouillaient sur la canopée, elle les écouta un instant, se gorgeant au mieux de leur vitalité puis se remit en marche.

Elle se tenait aux branches et aux buissons qui bordaient le chemin tracé au milieu de fougères hautes comme un homme, clopinant lentement sur son pied valide, quand le bruit de conversations s'éleva soudain dans la forêt, provenant de sa gauche. La jeune fille vit alors apparaître un groupe de cinq elfes qui discutaient avec entrain. Ils étaient encore loin lorsqu'ils s'engagèrent sur le sentier qu'elle suivait, mais celui du milieu croisa son regard et un sourire narquois naquit sur son visage aux traits fins.