« Cours Jéna ! Ne te retourne pas. Rappelle-toi : Brom ! Aller ! »L'obscurité. La peur. Des pas précipités derrière elle. Et des voix. Elle court. Depuis quand ? Depuis toujours. Toujours tout droit. Un bruit d'eau. Des gouttes tombent sur elle. Froid. Humidité. Les pas sont de plus en plus proches. Les voix de plus en plus fortes. Son cœur tambourine dans sa poitrine. Le souffle lui manque. Les jambes sont lourdes. Soudain, la lumière. La liberté ! Encore quelques pas ... Enfin !Brusquement une main l'agrippe par l'épaule et l'entraîne dans les ténèbres.
Jéna se réveilla en sursaut, le cœur battant la chamade, la sueur perlant à son front. La jeune fille retomba sur ses oreillers.
Toujours le même cauchemar.
Toujours le même songe depuis qu'elle s'était éveillée. Elle avait dû s'y faire. Ce n'était qu'un cauchemar non ? et elle était bien là, à Carvahall, dans la maison de la vieille Mona qui l'avait recueillie quand Ils avaient jugé bon de la ramener parmi les Hommes, voilà trois ans de cela. Depuis la vieille Mona était morte, mais elle lui avait légué tous ses biens pour qu'elle puisse subvenir à ses besoins sans problème.
De son vivant elle avait essayé d'intégrer Jéna au village, mais sans grand succès. Les villageois étaient méfiants vis à vis des étrangers et encore plus d'elle. Ils l'évitaient, ou se moquaient d'elle par pur méchanceté. Cependant Jéna n'était pas complètement seule, elle rendait souvent visite à Brom, aussi appelé Brom le Conteur. Avant d'arriver à Carvahall elle ne connaissait que son nom et ne pouvait décrire encore aujourd'hui le bonheur qu'elle avait ressenti d'enfin le rencontrer. . Elle ne savait pas comment elle avait appris ce nom, c'était l'un des seuls souvenirs de sa vie passée. Lorsqu'Ils l'avaient trouvée elle gisait inconsciente dans une forêt. Sa jambe droite avait été blessée par un coutelas imprégné d'un maléfice et n'avait pu être soignée. Ainsi la jeune fille était contrainte à boiter, et même si en quatre ans elle s'était bien rétablie, on la reconnaissait facilement à son léger pas claudiquant.
Jéna.
Etait-ce son nom ou celui de quelqu'un d'autre. Celui de sa mère peut-être. Ou de sa sœur. Elle ne savait même pas si elle avait une sœur. Elle ne savait même pas qui elle était, d'où elle venait. Les gens avaient raison de se méfier d'elle. Jéna. Ce nom lui paraissait pourtant très familier, alors elle se l'était approprié, elle était Jéna dans cette vie.
Elle se leva et ouvrit la fenêtre. Il faisait à peine jour, le vent glacial de l'hiver souffla dans ses cheveux, faisant s'hérisser sa peau. La maison de Mona se trouvait un peu en retrait du bourg, sur une colline offrant une merveilleuse vue sur la Crète. Jéna admira ce paysage une fois de plus. Cherchant en vain un souvenir, mais le souvenir, aussi fugace puisse-t-il être, ne venait jamais. Seuls restaient ces mots qui hantaient ses nuits. Ces mots qui lui disaient de fuir. Pourquoi. Toujours des questions. Toujours aucune réponse. Elle ferma les yeux et se laissa bercer par la brise du vent. Son murmure apaisait ses craintes, comblait le vide de son passé par des paroles qu'elle ne comprenait pas.
Elle referma la fenêtre et partit se laver. Une fois propre et habillée, elle prit le chemin du village. Comme chaque année, des marchands venaient à Carvahall vendre leur marchandise et procurer un peu de bonheur et de réjouissance aux habitants. Jéna ne s'y rendait jamais. Elle se savait mal venue et évitait de se retrouver près des chariots parmi la foule. Elle avait essayé d'y aller au début, mais les jeunes gens et les enfants surtout la chassaient. Ils disaient qu'elle était une sorcière.
Jéna rit du nez.
Sa situation n'était pas drôle, pourtant elle ne s'en plaignait pas, ou du moins ne voulait pas s'en plaindre. Elle s'était faite à sa condition de recluse, de mal-aimée, et s'estimait déjà heureuse d'avoir pu rester dans la maison de la vieille Mona. Cette brave femme qui l'avait accueillie comme sa propre fille était morte il y a plus d'un an, mais Jéna ne pleurait pas sa mort. Ne l'avait jamais pleurée. Elle ne savait pas pourquoi. Elle ressentait de la reconnaissance mais pas du chagrin. Elle était bien seule mais elle n'avait pas besoin des autres pour vivre, ni socialement ni matériellement ; elle cultivait ses propres légumes et fruits et avait d'ailleurs une bien étrange façon de le faire comme disait Mona. Il lui suffisait en effet de chanter pour que tout ce qu'elle souhaitât se développe. Bien sur elle ne chantait pas n'importe quoi n'importe comment, et Ils lui avaient interdit de parler ce langage en public...
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Fanfiction Eragon - Les Liens du Destin - Terminée
Fantasía"Tout commence par un rêve", dit-on, mais pour elle tout avait commencé par un cauchemar. Un songe obscur et dénué de chaleur, contenant les derniers souvenirs d'une vie passée, devenant les premiers souvenirs d'une vie nouvelle... Jéna s'était ains...