Chapitre 25 : Goodbye

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Le train défilait à toute vitesse. On n'en distinguait pas vraiment le paysage, mise à part des formes ressemblant à des arbres, des couleurs ressemblant à du jaune, du vert clair. Le ciel était vaste et dégagé. Dans le wagon, Hayley regardait ces formes et ces couleurs défilées devant ses yeux. Elle était assise, les bras autour de ses genoux, et la tête posée dessus. Son bonnet laissait dévoiler quelques mèches de cheveux bruns ondulés sur son visage. Les rayons du soleil brillaient dans ses yeux devenus vert pomme. À quelques mètres d'elle, se trouvait Kristen enlaçant Jonas dans un coin isolé du wagon. Je voyais que, quelques fois, les yeux d'Hayley dérivaient sur eux. Mais son regard ne restait jamais très longtemps, par peur d'être prise. J'étais derrière elle, debout. Elle devait se douter que je l'a regardait. En face, se trouvait Matt, dans la même position que celle d'Hayley. Et Jésus était au bord du wagon, les cheveux dans le vent. S'il bougeait le pied d'un centimètre à peine, il tomberait du wagon et son corps se transformerait vite en bouillie. Du côté d'où je le voyais, sa présence ressemblait vraiment à celle de Jésus Christ. Son arrivée à tout changé pour nous. Nouvelle destination, nouvel abri sûr. Le soleil l'illuminait, il plissait les yeux, les mains dans les poches, accoudé contre la portière cassée. On ne pouvait plus la fermer malheureusement, c'est pour cela qu'il fallait être prudent. Mais Jésus avait l'air d'apprécier jouer les rebelles.
Soudain, Jonas gigota et cracha du sang. Il tremblait, comme s'il faisait une crise d'épilepsie.
- Shawn, j'ai besoin que tu aille voir Nate s'il te plait.. Tu pourrais lui enlever ça du visage, demande-t-elle en parlant du sang qui avait laissé une trace sur sa joue. J'ai les mains prises... Je pris un des bouts de tissus prévus à cet effet, non loin d'eux, et essuya le visage de Jonas. Tu peux dire à Nate d'arrêter le train ? Il ne lui reste plus beaucoup de temps... Une larme s'échappa de son œil gauche. J'accepta sa requête, bien entendu. Je sortis du wagon pour rejoindre Nate dans la cabine. La vitesse du train m'empêchait d'avancer. Le vent me fouettait le visage. Je me dépêcha d'atteindre la porte encore à un ou deux mètres d'ici. Arrivé dans la cabine, je repris mon souffle.
- Tu dois arrêter le train, lui dis-je, fermement. Il se retourna doucement, en plissant les yeux de colère. Il décida de m'ignorer. Jonas est en train de mourir et... Il m'interrompit.
- Ne me raconte pas de conneries. Il s'en sortira, d'un ton sévère. Je posa ma main sur son épaule.
- Calme toi, s'il te plait. Il faut que tu arrête ce train, essayant d'être le plus rassurant possible. Son froncement de sourcils disparût. Il avait l'air triste. Les larmes aux bord des yeux. Il guida lentement son bras vers la manette, et la tira. Le train ralentissait, et s'arrêta complètement. Nate descendit lentement de l'échelle, et fermait les yeux. La tête contre la barre en métal. On rejoignit Kristen et Jonas. Ce dernier était allongé dans le wagon, respirant vite et fort. Kristen se tourna vers Nate.
- Nate, je... Je crois que c'est le moment... Nate le regarda un moment. À cet instant, il devait se remémorer tous les moments qu'il avait passés avec son petit frère. Il pleurait. Et c'était la première fois que je le voyais pleurer. Tout le monde descendit. Personne ne disait un mot.
- Je... Je... Nate cherchait les mots. Il avait la tête baissée sur ses rangers. De lourdes larmes tombaient, et enlevaient la poussière qu'il y avait dessus.
- Il est temps de... Ce n'est pas possible... Elle s'agenouilla et prit la tête de Jonas dans ses mains. Elle pleurait, elle aussi. Nate renifla et regarda sa mère.
- Qu'est ce qu'on va faire... ? Lui demandait-il, d'une voix d'enfant.
- On ne peut pas le laisser devenir une de ces créatures, répliqua-t-elle, en caressant son visage.
- Mais... Et si... Si ce n'était pas le cas ? Ses yeux s'écarquillèrent, toute sa force et sa sagesse avait disparût à cet instant précis. Je ne le voyais plus comme ce mec arrogant et rebelle. Ce mec qui avait le don de faire tomber toutes les filles à ses pieds. Il n'était plus qu'un humain. Un humain perdant un être cher.
- Nate, je t'aime vraiment beaucoup. Et j'aime ton frère autant que toi... Écoute-moi, dire qu'il ne va pas se changer... C'est stupide, pleurait-elle.
- Mais...
- Non...
- Il y a...
- Si tu en trouve une, fais-le moi savoir.
- Il n'y a pas un médicament ou... Quelque chose comme ça... Qu'on pourrait lui donner...
- Arrête... Elle secouait la tête, désespérée. Il continuait à ignorer, à rêver. Mais elle voyait la vérité en face.
- Il va peut être juste s'endormir... Hein, maman ? Je veux dire... Putain c'est mon frère, ton fils ! Il se tenait la tête avec ses mains, fou furieux.
- JE SAIS ! Mais c'est ici, dit-elle en pointant son cerveau avec son doigt. Ou rien.
- Eh bien... Putain ! Juste... Mais qui alors ?! Tu veux que je le fasse ?
- Non, tu n'as pas à faire ça... Je les interrompit.
- Je le ferai, leur dis-je.
- Non, ça doit être un parent, répliqua Kristen.
- Aucun parent ne devrait avoir à faire ça, lui répondit-je.
- Shawn a raison, maman... On peut lui dire au revoir et... En rester là.
- Je ne sais pas... Shawn, dit-elle, en me regardant, tu rendrais ce service à notre famille ? J'acquiesçait d'un coup de tête. Elle se retourna de nouveau vers Jonas. On devrait s'éloigner légèrement dans la forêt. Je ne veux pas que ce soit un spectacle.
- Ouais...
- Tu peux nous laisser deux minutes, qu'on puisse lui dire au revoir... ?
- Bien sûr, je m'éloignait et prit Hayley dans mes bras, qui pleurait elle aussi. Kristen porta Jonas et s'en alla dans les bois, Nate suivit. Hayley n'était pas prête à me lâcher pour le moment. Elle me serrait fort.
- Tu vas faire quoi... ? Demanda-t-elle, reniflant.
- Je dois abréger ses souffrances...
- Oh...
- Ouais...
Soudain, un coup de feu retentit. La voix de Nate hurla "NOOOON".
- Montez dans le train, vite ! J'arrive ! Le groupe exécuta mes ordres, je courut à travers la forêt. Et là, arrivé au milieu d'un sentier, je vis une image atroce. Trois corps à terre, les uns au dessus des autres. Un seul d'entre eux bougeait. Nate. Je restai bouche-bée devant cette scène horrifiante.
- Maman... Maman ! Hurlait Nate, pleurant de toutes ses forces. Pourquoi maman ?! Putain de merde, pourquoi ?!
- Qu'est ce qu'il s'est passé ?!
- Elle n'a pas pu, elle a... Elle a juste... Putain, non... Il lui ferma les yeux. Il avait du mal à respirer, sous le choc. J'entendis une forte respiration, et ce n'était pas celle de Nate. Mais celle de Jonas. Il était encore vivant, lui. Nate s'écarta, sanglotant. Il sortit son pistolet de son pantalon, et visa sur son frère en tremblant.
- Donne-moi le flingue, Nate. Je vais le faire... Il restait là sans bouger. Les larmes ne cessèrent de couler sur son visage. Il déposa lentement le pistolet dans ma main et partit, tête baissée. Je pris une grande inspiration. Tirer sur un enfant, c'était sans doute la chose la plus inhumaine qui soit. Mais ce n'était pas comme si on avait le choix, maintenant. Je pointa l'arme sur lui. Je pris un moment avant de tirer. Après l'avoir fait, je restai là. Et je pris un moment de silence pour lui. Sur le retour, je croisa Nate, accablé par la souffrance. Cela allait être vraiment dur pour lui de surmonter ça. Il a perdu tout ce qu'il avait de plus cher : sa famille entière. Il tremblait de partout, son visage était trempé, et rouge. Des veines sortaient de son visage mais également de ses mains, ses bras, son cou... Je ne savais pas quoi faire pour l'aider à se sentir mieux. Je pense que pour le moment, je ne pouvais rien faire.

Broken : Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant