Chapitre 44 : Confrontation

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- Écoute, ce n'est peut être pas le bon moment mais, j'aimerai clarifier certaines choses, me dit Nora.
- Qu'est ce qu'il y a ?
- Moi et Lukas, on doit rester sains et saufs. Pour elle.
- Vous seriez très bien pour elle. Occupez-vous en bien.
- On fera de notre mieux, tu le sais.
- Qu'est ce qui t'arrive...? Demandais-je, intrigué.
- Je viens de voir tes amis se faire tuer.
- Je veux dire... Avant, dans le grenier.
- Ce n'est rien.
- De quoi ? Intervient Lukas.
- Continuons, dit-elle en avançant plus vite.
Un petit pont fait avec des planches de bois menait au toit d'en face.
- Fais attention, me dit Nora. Elle et Lukas traversèrent les premiers en toute tranquillité.
Tandis que moi, j'étais mal à l'aise. De me dire que je traverse ça au dessus de mes amis venant de se faire tuer. Ça me donnait des nausées. Je traversa tout doucement, et rejoignit le couple.
- Nous sommes tout près de Congress Street, dit Lukas. Faites attention ! Il y avait un trou dans le toit. Plusieurs rôdeurs avaient été piégés à l'intérieur apparemment. Il ne fallait pas d'autres accidents. Nous continuons la route avec prudence.
L'hôtel était juste en face de nous. Mais nous ne pouvions pas descendre en bas, et le seul moyen d'arriver sur le toit de l'hôtel, était de traverser sur une énorme pancarte "RENAISSANCE BOSTON WATERFRONT" qui se tenait sur de fines barres de fer rouillés entre notre immeuble et l'hôtel en question. Entre nous, celle-ci ne semblait pas bien solide.
- Qui y vas en premier ? Demanda Lukas.
- Tu es le plus léger, dit tristement Nora.
- Il a une jambe bien amoché et tu marches pour deux. Et moi, je vais pas très bien non plus. C'est pas si simple, leur annonçais-je. J'y vais en premier, au cas où quelque chose arrive.
- Tu es sûr ? S'inquiéta Nora.
- Ouais.
Premier regard en bas : beaucoup de rôdeurs et beaucoup de hauteur. En gros, il ne fallait pas que je me loupe. Il devait y avoir entre cinq et six mètres de séparation entre les deux bâtiments. Je mis les pieds sur les barres en fer inférieures et je m'accrocha de mon unique main sur les barres supérieures. Ainsi, j'avança sur le côté. A plus de la moitié du chemin, la pancarte bougeait mais c'était plutôt facile à traverser. Il ne me restait plus que moins d'un mètre à traverser. Quand la pancarte se cassa. Elle tomba au sol et je me raccrocha à ce qu'il restait de la pancarte.
- EST CE QUE ÇA VA ? Criait Lukas et Nora en cœur.
- Oui, c'est bon !
Des rôdeurs se mirent à faire des bruits effrayants, prêts à se nourrir. Ils se jetèrent sur la pancarte au sol.
- Qu'est ce qu'on fait ?! Demanda Lukas.
- J'y vais. On se retrouve en dehors de la ville, au train !
- T'es sérieux là ?
- Oui !
- Putain... On sera là, promis, dit Nora.
Atterris sur le toit de l'hôtel, je descendis à l'intérieur. Il y avait tellement de rôdeurs que je ne pouvait pas passer inaperçu. Je sortis ma hachette et découpa les plus proches de moi. Un à un, j'enfonça mon arme dans leur crâne. Je ressortis couvert de sang. J'étais déterminé et remplis de haine. J'étais prêt à tuer ce salopard. Il faisait nuit et à l'intérieur, tout était sombre on ne voyait presque rien. A l'étage d'en dessous, bizarrement il n'y avait rien. Ni de rôdeurs, ni de sang. Tout était propre et nettoyé. Comme si quelqu'un était passé par là. J'écouta aux portes pour vérifier où ils pouvaient se trouver, la plupart des portes étaient fermées.
Sauf une. J'entra. C'était vide. Mon cœur battait à deux cents à l'heure. Il y avait deux fauteuils rouges à droite. Puis à gauche une grande salle de séjour illuminé par la lune. Puis, au fond, deux portes. Celles-ci étaient jointes par une corde. Un bruit de claquement de porte. Je me retourna, et vis un homme armé d'un revolver. Il était un peu plus grand que moi, des cheveux gris et gras. Il devait avoir la cinquantaine, je dirai. Et il avait un air effrayant fixé sur le visage. Il avait l'air inquiet.
- Je nous ai trouvé une chambre, rien que pour nous deux, côte à côte, dit-il d'un ton inquiétant et posé.
- Où est-elle ?
- Je te l'ai déjà dit. Elle va bien. Tu as une mine terrible. Et il te manque un bras. Vas là-bas, dit-il en me montrant avec son flingue un coin du mur. Je recula légèrement. Pose tout au sol.
- Laisse-moi sortir ! Cria une voix douce et féminine. Hayley. Il y a qui ? Au moment où j'allais répondre, il braqua son arme sur ma tempe.
- Chuuuut, dit-il d'une voix basse, l'index devant la bouche. Silence, mon cœur ! J'eu une terrible envie de le tuer, c'était insupportable de ne rien pouvoir faire. Tes affaires, là, m'indiqua-t-il, de nouveau avec son arme, un buffet à côté de moi.
- Je n'ai rien sur moi, mentis-je.
- Vraiment ? Souriait-il. Tu es venu jusqu'ici sans arme ?
- Je les ai perdues.
- Je ne te crois pas, il arrêta soudainement de sourire et prit un air méchant.
- Très bien... Je posa ma hachette, mon revolver vide et le talkie-walkie.
- C'est bien ce que je pensais. Tu ne devrais pas mentir. Il me conduit jusqu'aux sofas. Assieds-toi, m'ordonna-t-il, l'arme toujours pointé dans ma direction. J'obéissais. Nous étions assis face à face. Tu sais qui je suis ? Demanda-t-il.
- Non, je ne sais rien sur toi.
- Bien sûr que tu ne sais rien, tu n'es qu'un gosse. Les gens comme toi sont comme ça. Maintenant tu te dis "qui me voudrait du mal?" N'est ce pas ? Il y a quelques semaines, il y aurait eu un break dans la forêt. Plein de nourriture, d'eau, tout ce qu'il faut pour survivre. Ouais, je ne suis pas un de ces cannibales, Shawn. Un de ces tueurs des bois. Un de ces méchants. Je suis juste... Un père. J'entraîne une équipe d'ados.
- Tout était juste là, s'offrant à nous. On avait tellement faim, il n'y avait personne. Tu...
- S'OFFRANT A VOUS ? Tu sais ce que tu m'as PRIS ?
- Je suis désolé. Quoi que ce soit. Quoi qu'il se soit passé, tu dois m'écouter. Je suis désolé.
- Ça ne veut rien dire pour moi. J'aurai bien aimé, mais je ne suis pas un mauvais gars. Je ne crois pas en la vengeance. Je ne crois en plus rien. Mais il ne me reste plus rien. Est ce que tu as déjà fait du mal à quelqu'un à qui tu tenais ?
- En quelque sorte. Je ne l'ai pas fait exprès.
- Si ça aurait été le cas, tu aurais été un sociopathe. Je lui ai vraiment fait du mal. Mon fils, Arthur a disparu. Je l'ai emmené chassé, même si ma femme m'avait dit qu'il était trop jeune. Pour moi, il devait bien apprendre un jour. Je suis revenu sans lui, et l'expression sur son visage disait "TU ES UN MONSTRE!" On est tous allé le chercher. On l'a jamais retrouvé. Je lui ai fait tellement de mal. Et puis, tu nous a tout pris. Tu nous a volé. J'aurai pu regagner sa confiance, Shawn. Mais après ça...
- Ce n'est pas de ma faute.
- Plus on avait faim, plus elle s'accablait. Et puis ils ont finit par partir. Ils ne sont pas allés loin... Je les ai trouvés... Un jour après, sur la route... J'ai l'air d'être un monstre ?
- Comme nous tous.
- Certains plus que d'autre. Je ne suis pas comme toi. Tu as tué un mec avec une fourche !
- J'ai fais ce que j'avais à faire.
- Tu as abandonné une femme sans défense, en deuil !
- Tu n'étais pas là.
- Le sweat qu'elle porte appartenais à mon fils ! Tu nous l'as volé !
- On avait tellement faim. Il faisait froid...
- ET DONC MA FAMILLE A ÉTÉ AFFAMÉ DANS LE FROID !
- Comment est ce que tu sais tout ça... ? Il eu un sourire mesquin, et déposa un talkie-walkie sur le table de chevet qui nous séparait.
- Tu es un monstre, un meurtrier et un voleur. Et je vais te faire vraiment mal.
- Ça n'a pas à être comme ça !
- Tu es incapable de t'occuper de qui que ce soit. Quand j'ai entendu Hayley pour la première fois à la radio, j'ai réaliser qui vous étiez. Et j'ai toujours rêver de ce moment : celui où je me vengerais. Mais plus j'en ai su sur ce que vous étiez, plus j'ai réaliser autre chose : que mon plan devait changé. Shawn, écoute moi. Je veux que tu entende ça avant la prochaine étape. Je peux m'occuper d'elle. On peut former une famille. Je suis sûr que tu ne sais même pas quel âge elle a.
- Elle a quinze ans.
- Faux. Elle en a seize.
- Mais...
- Son anniversaire était il y a six jours. Je sais comment être un père tu sais. Elle ne sera pas exposé à ce que tu fais. Elle ne sortira jamais avec un garçon comme toi. Elle aurait dû être avec Arthur, lui c'était quelqu'un de bien.
- La ferme, dis-je, rouge de rage.
- Ça paraît censé.
- Elle ne viendra jamais avec toi. Laisse-nous partir.
- Non. Je ne pense pas. Tu vas t'en aller et on va former une nouvelle famille. Soudain, il se baissa vers un sac à ses pieds. Hé chérie, tout va bien se passer. Je pense que ça va s'arranger. Je suis content aussi.
J'ignorais complètement à qui il parlait et ce qu'il faisait. Mais je vis une porte s'ouvrir légèrement derrière son dos. Une main sortit et enleva la corde qui rattachait la porte à l'autre. Et le visage d'Hayley apparut dans le coin de la porte.
- Je déteste te voir comme ça, mon cœur... Continuait-il pendant qu'Hayley marchait sur la pointe des pieds. Tu me manques tellement Jess... Mais tu vas aimer Hayley. Hayley s'empara d'une bouteille et l'a cogna contre sa tête. Il se retourna et j'en profita pour me jeter sur lui. Je tenais son arme, mais lui aussi. On tomba par terre, se débattant pour avoir l'arme. Mais je repoussa l'homme qui glissa et tomba contre le sofa. L'arme vola jusqu'à l'autre bout de la pièce. Je couru pour la rattraper, mais lui aussi. Il l'a avant moi et me tire dans le torse. La douleur était atroce, du sang se rependait partout autour de moi, je tomba. Hayley poussa un cri de terreur, tandis que l'homme se rapprocha doucement de moi avec son arme. Je lui mit un coup de poing tellement fort que sa tête se cogna contre un mur derrière lui. On se battait, je le prit contre le mur et cogna sa tête plusieurs fois. Il me tenait par la gorge, je lui mit un énorme coup de tête et il se rabaissa. J'essayais de l'étrangler, mais en vain. Il réussit à reprendre le contrôle et se jeta sur moi. Il m'étrangla de toutes ses forces, j'étais épuisée, je commençait à voir flou, quand j'entendis un coup de feu. Une balle avait traversé le visage de l'homme. En relevant la tête, je vis Hayley munit du revolver. L'homme tomba sur le côté. Et Hayley tremblait et était au bord des larmes, je me dépêcha de la prendre dans mes bras.
- Je... Je... Disait-elle, toute tremblante.
- Ça va, je suis là. Tout va bien... Elle pleurait, puis elle s'écarta et me regarda de haut en bas.
- Tu n'as plus de bras... Pourquoi ? C'est horrible... Disait-elle en essuyant ses larmes.
- J'ai eu un accident. Mais on en parlera quand on sera en lieu sûr.
- Tu pues ! Dit-elle en cachant son nez dans son sweat.
- Qu'est ce que ça fait du bien de te retrouver ! Elle souriait et son sweat se décolla de son visage. Un moment d'hésitation l'attarda, puis elle se jeta sur moi pour m'embrasser. Nos lèvres s'entremêlaient et tout devenait plus simple, magique. J'en oubliait mon bras, la balle dans mon ventre et même ma gorge trop serrée. Parce que ce moment était le plus beau de toute ma vie. J'aurai pu rester ainsi pendant des heures, des jours, et bien plus. Puis elle s'écarta, je ne pu m'empêcher de sourire tellement j'étais heureux, et j'avais sûrement l'air d'un imbécile.
- Tu as fais tout ça pour moi, je... Si tu savais comme tu m'as manqué... Me dit-elle, heureuse elle aussi.
- Je ferai n'importe quoi pour toi... Elle me prit à nouveau dans ses bras.
- On a plus beaucoup de temps, il faut qu'on y aille !

Broken : Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant