Chapitre 56

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Je ne prends pas la peine de toquer, je suis persuadée que la porte va s'ouvrir d'elle-même.

Vous pensez que je me fais des illusions ?

Et bien non ! Je n'ai pas le temps de monter toutes les marches qu'elle s'ouvre déjà d'elle même. Enfin, plus ou moins. Disons que quelqu'un de plutôt sympathique l'a aidée en la poussant mais je n'ai pas eu besoin de l'ouvrir !

Arrêtez de dire que j'assume pas de m'être trompée. C'est pas vrai !

En plus, c'est plutôt bon signe. Si les choses tournent mal, ce qui arrivera probablement, je peux partir de cet endroit sans avoir à menacer les portes.

Enfin bref, la lourde porte est ouverte et le gentil quelqu'un qui l'a ouverte, un majordome un peu trapu, me prie d'entrer. En souriant poliment, je monte les marches du perron et rentre dans le château dont l'atmosphère est nettement plus chaleureuse que lors de ma dernière visite.

-Bonjour mademoiselle, me salue le majordome de sa voix fluette, je vous remercie infiniment d'être venue. Mon maitre vous attends dans le salon.

Ne sachant que répondre, je me contente de hocher la tête en souriant.
"Super... Soit il va croire que t'es muette, soit il va croire que tu es carrément stupide".

Tais-toi !

-Si vous voulez bien me suivre, dit-il en désignant une porte à gauche.

Il marche dans sa direction, j'emboite le pas.

Après être passés devant maintes portes, un grand escalier et encore d'autres portes, nous nous arrêtons finalement devant une porte brune en bois verni.

-Monsieur vous attends à l'intérieur, annonce le majordome en s'inclinant, je me permets de prendre congé.

Je le remercie afin de lui certifier que je ne suis pas complètement demeurée et il s'en va. Je prends une profonde inspiration mais je ne reste pas trop longtemps devant la porte car je sais que dans cette pièce, le vampire entends parfaitement mon coeur qui me dicte de fuir par ses battements accélérés.

Par politesse, je toque. Et oui, ça m'arrive d'être polie.

-C'est ouvert, marmonne Claude.

J'ouvre la porte et rentre dans une pièce plongée dans la pénombre. Quelques faisceaux de lumière filtrent à travers les rideaux tirés mais la seule source de lumière vient d'un feu qui crépite dans une petite cheminée. Devant celle-ci sont installés deux grands fauteuils.

-Je ne savais pas que vous viendrez me voir aussi rapidement, proclame le vampire d'un air sombre, je vous croyais moins....

Il semble chercher ses mots, assis dans l'un des deux fauteuils en train de fixer intensément les flammes qui dansent élégamment.

-Moins ? insistai-je.

-Laissez tomber, soupire-t-il en s'enfonçant plus loin dans le cuir.

Sans vraiment y être invitée, je m'assieds dans le second fauteuil. Je peux alors voir le vampire dont le visage est éclairé par les lueurs de la cheminée.

Il n'a plus rien de l'hôte si extravagant et si sur de lui de la dernière fois. Là, je ne vois qu'un homme pâle, mal rasé, au regard vide et aux épaules tombantes. Un corps sans âme... À tel point que j'en ressens de la compassion. Je me demande ce qu'il s'est passé pour qu'il en arrive là.

-Vous me regarder avec tant de pitié, soupire Claude, ai-je l'air si pitoyable que ça ?

Je fais mine d'être absorbée par les braises pour réfléchir et sélectionner avec soin mes paroles.

Esclave Des VampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant