Chapitre 78.

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Maxime s'est arrêté brusquement, comme ça, alors que je lui faisais un câlin. Un gros câlin.

Il s'est éloigné d'un coup. Il se lève du lit, et recule à l'autre bout de la pièce.

-Mais qu'est-ce que t'as ? m'énervai-je quelque peu vexée.

-Je... Rien.

D'un regard peu compréhensif, j'insiste. Je sens bien qu'il n'est pas à l'aise.

-Je dois encore travailler, maintenant, s'exclame-t-il avant de quitter la pièce.

La porte claque, je reste seule, avec le goût abominablement amer du vent le plus monumental qu'on puisse se prendre.

C'est pourtant lui qui ne demandait presque que ça quelques mois auparavant.

Non, décidément. Je commence à le connaître et je peux affirmer avec une certitude des plus complètes qu'il y a quelque chose de louche là dessous !

Je m'allonge sur le lit, et tente néanmoins de dormir.

Je me mets sur le ventre, sur le dos, sur le côté, à l'endroit, et même à l'envers, mais le sommeil ne semble pas décidé à venir. Pour moi qui ai l'habitude de m'endormir en moins de 5 minutes, c'est une première.

Je comptais régler ce problème demain, mais je sens que je ne parviendrai pas à dormir tant que mon esprit ne sera pas tranquille.

Je sors de sa chambre, bien décidée à mettre toute cette histoire au clair pour pouvoir dormir en paix.

« Tu te sens à ce point humiliée ? »

Oui !

Je ne vois qu'une seule solution pour m'éclairer sur la psychologie de mon vampire : son frère.

Je me dirige donc vers l'antre de la grotte de Vincent, je sais qu'il traine là à tout moment de la journée et de la nuit. J'en viens même à me demander s'il s'alimente et se lave correctement, des fois. Mais bon. Je ne vais pas jouer les mamans aujourd'hui. J'attendrai d'avoir réglé mon problème avant de lui demander s'il s'est bien lavé derrière les oreilles. C'est important de frotter derrière les oreilles. Et mangez bien 5 fruits et légumes par jour !

Je m'avance dans le petit couloir qui précède la large pièce, emplie de bouquins. C'est là, au milieu de plusieurs piles de livres de même taille, parfaitement alignés dont aucun ne dépasse du tas, que je trouve mon brave ami. Ce dernier n'est pas, comme on pourrait le croire, en train de dévorer un roman. Non. Il serait plus exact de dire que c'est le roman qui le dévore.

Prenez-le au sens propre, bien sûr. Un livre vert émeraude est en train de lui mordre la main. Et encore une fois, « mordre », c'est un petit euphémisme. Le grimoire a carrément réussi à remonter jusqu'à l'avant-bras et est en train de lutter pour atteindre le coude.

Vincent se démène pour essayer de se défaire de l'emprise du bouquin, mais la bête semble plutôt coriace et pas décidée à lâcher son repas. Il jure, grommelle, tape le pauvre objet sur la table et le repousse avec son autre main.

Lorsqu'il me voit, il interrompt son combat, se redresse, s'appuie de sa main libre sur la table et placarde sur son visage son éternel et insupportable sourire.

-Bonsoir, Lisa, dit-il chaleureusement en faisant mine de ne pas prêter attention au monstre qui lui tenaille le bras avec deux fois plus de hargne.

-Bonsoir, prononçai-je mal à l'aise. Tu désires peut-être un coup de main ?

-Si ça ne vous embête pas, dit-il en tendant vers moi son bras gauche.

Je constate que le livre a finalement atteint le coude et continue sa course vers l'épaule. Mais comment est-ce possible ? Son but est-il d'avaler sa proie en entier ?

Je me demande si ce grand vampire pourrait rentrer dans un si petit grimoire. Si c'est le cas, je pourrais peut-être envisager de m'en servir contre Tristan...

-Lisa ?

-Oh oui, pardon. Je réfléchissais à... à comment dégager ton bras de ce... ce livre ?

-Il suffit de tirer un peu, me conseille Vincent. Il vous écoutera, vous.

Je m'approche du livre et le prend doucement dans mes mains. Il me fait comprendre d'un claquement de dents que je ne suis pas la bienvenue.

-S'il te plait, implorai-je d'une voix douce. Lâche le monsieur, c'est mal élevé.

Je caresse tendrement la couverture, le livre se calme petit à petit. Il relâche la pression, et il me suffit de tirer légèrement pour libérer Vincent. Je garde le livre dans ma tête et continue de lui gratouiller la reliure, afin qu'il reste paisible.

-Merci, souffle celui-ci en essuyant la bave bleutée laissée par son assaillant. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans vous.

-Comment est-ce arrivé ? demandai-je curieuse.

-Je faisais du rangement dans ces vieux livres, me dit-il en désignant la petite pile de bouquins. Mais certains ont un caractère difficile. Surtout quand ils sont anciens comme celui-ci. Mais vous, pourquoi êtes-vous là ?

-Oh euh... Je... J'avais besoin que tu m'éclaires sur un petit détail euh... à propos de ton frère.

Il arque les sourcils, et croise les bras, m'invitant à continuer.

-Je... Enfin nous... nous étions sur le point de...

Je lance un regard, traduisant ma phrase. Vincent comprend et ses yeux deviennent soudainement immenses.

-Vous avez... Vous avez ?

-Non, l'arrêtai-je tout de suite. Maxime a... enfin il s'est enfui avant de...

Encore une fois, je ne vais pas au bout de ma phrase. Cette conversation est définitivement plus gênante que ce que j'avais imaginé. Je sens mes oreilles devenir écarlates. Même Vincent n'a pas l'air très à l'aise.

-Tu... repris-je. Tu saurais me dire pourquoi ?

-Non, répond-il tout de suite. Je dois avouer que je n'ai moi-même jamais compris ce qu'il se passait dans la tête de mon frère.

-Je vois... Merci quand même.

Je n'attends pas une minute de plus. Vincent comprend encore moins Maxime que moi.

« Je savais bien, moi, que ton plan était foireux. »

Et bah vas-y, propose moi autre chose.

« Laisse-moi réfléchir... »

C'est ça...

Je sors précipitamment de la bibliothèque. Il faisait trop chaud là-dedans. Vincent a allumé un feu, pour calmer ces petits livres chéris, sans doute. Il les chérit plus que tout, ça c'est clair.

Je retourne non pas dans la chambre de Maxime, mais dans la mienne. Il y a une autre personne à qui je peux m'adresser.

Je rentre en trombe, attrape aussitôt un stylo et une feuille. J'appelle Radius, la chouette de Claude. Il m'a dit qu'elle rôderait ici, au cas où j'en avais besoin. Je gratte quelques mots qui résument la situation, et la chouette arrive quelques minutes après. Je lui donne le papier et vais aussitôt dormir.

Après tout, plus vite je m'endormirai, plus vite je me réveillerai et pourrai lire la réponse de Claude.

*********

Voili voilou, un petit chapitre écrit sur le pouce.

Il ne me plait pas tant que ça et est relativement court, mais bon... C'est déjà ça, non ?

Bref...

Bisous,

Muffin.

Esclave Des VampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant