Chapitre 7.4 : Deux Cafés

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Le ciel était enflammé. Ses doigts s'emmêlaient dans les cheveux d'une tête arrachée à son corps. Le sang dégouttait encore du visage figé dans la terreur. Une fillette.

Elle eut un soubresaut et lâcha la tête qui roula à plusieurs pas d'elle, trop choquée pour pleurer. Même les haut-le-cœur qu'elle ressentait ne parvenaient pas à la pousser à vomir de dégoût devant ce spectacle. Elle était horrifiée et bien trop paniquée pour réussir à détacher son regard des yeux voilés qui la fixaient, incapable d'en tirer les conclusions qui s'imposaient.

Les murs étaient rouge sang. Rouges du sang qu'elle avait versé.

Et Clara en voulait davantage. Plus de sang. Plus de morts. Plus de souffrance. Toujours plus.

La longue silhouette de Darmack apparut face à elle, enveloppée dans un long costume noir dont les dragons vermillon grimpaient le long de ses jambes.

— Tes progrès sont spectaculaires, déclara-t-il en applaudissant. Mais l'heure n'est pas encore venue ; il te reste un dernier test.

Soudain emplie d'un détachement glacial, elle détourna les yeux du regard vide de l'enfant décapité. Son horreur avait cédé la place à un froid dégoût ; elle essuya négligemment ses mains sur ses vêtements et attendit que le Maître lui désignât la prochaine tâche à accomplir. Le coin des lèvres relevé en un rictus sinistre, Darmack leva un bras et dirigea sa main sur Nicolas, qui venait d'apparaître à quelques pas.

— Tu sais ce qu'il te reste à faire.

Il lui remit une arme, recula pour lui laisser le champ libre et s'adossa à un mur, les bras croisés, pour contempler à loisir les prouesses de sa protégée. Elle dévisagea Nicolas, qui l'observait en retour avec surprise et méfiance. Ses longs cheveux noirs emmêlés retombaient de part et d'autre de son visage et lui donnaient l'air d'un animal traqué. Elle leva le pied, sa marche funèbre était engagée.

— Clara ?

En guise de réponse, elle extirpa l'athamé de son fourreau de cuir noir et poursuivit son chemin jusqu'à lui.

— Clara... que fais-tu ? Clara !

Affolé, son regard ne cessait de sauter de la jeune femme au sombre sorcier qui les observait de loin. Un moment déstabilisée par les yeux noirs de sa cible, elle progressa pourtant et raffermit sa prise sur le manche. Il n'avait aucune chance de s'en sortir.

Non ! Je ne peux pas faire ça !

Chloé visualisait la scène à travers ses propres yeux, saisissant ses moindres pensées. Nicolas n'était plus l'homme qu'elle aimait mais la cible à abattre pour accéder au statut suprême aux yeux de Darmack. Que diable lui avait-il fait ?

Clara, elle, le savait. Cette épreuve serait la dernière, celle qui la placerait définitivement en tant que successeur de Darmack ! Si toutefois elle la menait à bien...

Nicolas devait mourir.

Non ! Je ne veux pas le tuer !

Chloé protestait de toutes ses forces ; hélas, elle ne pouvait changer le passé. La Clara d'alors ne l'écoutait pas et entendait mener à terme sa dernière épreuve.

— Clara, dit alors Nicolas d'une voix autoritaire. Tu ne peux pas me tuer. Tu n'es pas une tueuse.

Elle adressa un dernier regard à la tête tranchée qui gisait non loin d'eux. Nicolas en fut horrifié.

— Non, comme tu le vois, ricana-t-elle. La gamine s'est tranchée la gorge seule puis m'a ensuite lancé sa tête pour que je l'amène ici.

De pâle, il devint livide. Ce lugubre trophée l'inquiétait, tout autant que son humour déplacé et son timbre froid.

Le Démon (L'Hybride, livre 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant