Le Démon (L'Hybride, livre 1)

Chapitre 17.4 : Réception

Ils furent invités à prendre place à table, aussi les trois couples s'y installèrent. L'indésirable et septième larron, Andrew Sander, ne se montra pas. Après plusieurs tours d'horizons de la vaste salle, aucun d'eux ne l'aperçut.

— Il est parti ? demanda Diane.

— J'espère que nous en sommes définitivement débarrassés ! s'exclama Henri, en attrapant sa serviette et en la dépliant sur ses genoux.

— L'idée est séduisante, répondit Thomas avec flegme, mais j'en doute.

Des serveurs amenèrent les assiettes et Chloé écouta d'une oreille distraite les histoires que se racontaient les trois hommes. Diane et Susan, d'évidence amies, entretenaient leur propre conversation depuis l'autre côté de la table et Chloé ne savait à qui ou à quoi se raccrocher. Elle opta pour le goûteux repas qui lui était servi et garda le silence. Elle ignorait de quoi ils parlaient et ne se souhaitait pas se ridiculiser.

Lorsque Marc l'abandonna pour, de nouveau, participer à la cérémonie qui se déroulait sur l'estrade et dont Chloé n'avait que faire, elle se trouva démunie. Heureusement, le poisson était plutôt bon.

— Et donc... que faites-vous dans la vie ? demanda Henri après plusieurs minutes.

Il avait probablement noté son isolement.

— Je... je suis la gérante d'un bar de Clarme.

— Oh, vraiment ? Je ne l'aurais pas cru. Vous semblez si jeune...

— Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences ! rétorqua-t-elle un peu trop sèchement.

Quand cesseraient-ils, tous, de la prendre pour une incapable à cause de son âge ?

— Et où est-il situé ? enchaîna Thomas, visiblement soucieux d'orienter la question sur un autre domaine.

— Dans... dans le quartier de l'Usine.

Ils s'arrêtèrent tous et la dévisagèrent.

— Vous parlez du P'tit Clarme ?

— ... Oui... hésita Chloé.

À leurs regards, elle devina qu'une information lui échappait.

— Que se passe-t-il ?

— Oh, rien. Nous savons maintenant comment vous avez fait la connaissance de Marc, ironisa Henri.

— Je vois que cette histoire n'est pas un secret, alors, déclara Chloé.

— Non. Il souhaite racheter le bar depuis un moment. C'est juste qu'aux dernières nouvelles, Georges Simon en avait encore la propriété...

Henri pouffa de rire.

— Il s'est bien gardé de nous dire qu'une jolie jeune femme avait pris sa place.

Sa femme le gratifia d'un coup de coude dans les côtes. Étouffées sous les bourrelets et le costume, il n'en mesura probablement pas la violence.

Sur l'estrade, le Maire avait repris sa place et invitait un autre entrepreneur à se montrer. Marc ne s'y trouvait plus. Il n'apparaissait nulle part.

— Où est Marc ? demanda-t-elle.

Henri et Thomas relevèrent la tête comme deux furets aux aguets et scrutèrent la salle du regard.

— Aucune idée.

— Qu'Andrew disparaisse, passe encore, déclara Henri. Il n'a jamais su se tenir convenablement, mais ça ne ressemble pas à Marc de s'absenter sans...