Le Démon (L'Hybride, livre 1)

Chapitre 9.1 : Nouveaux Débuts

— Jérôme ?

— Ouais ? baragouina-t-il dans le combiné, la bouche visiblement pleine.

Chloé jeta un regard à la pendule : midi trente.

« Tu dois vraiment apprendre à regarder l'heure avant d'interrompre les gens. »

Elle chassa l'Ange comme on le fait d'un moustique, à la différence près qu'il n'avait rien de matériel. Le perturbateur se recroquevilla dans un recoin de son esprit comme un chat ou un enfant joueur. Malgré elle, Chloé sourit. Depuis qu'il s'était manifesté, il ne lui permettait plus de se complaire dans ses problèmes. Avec leur accumulation des derniers jours, c'était sans doute mieux ainsi ; elle n'aurait jamais pu arriver seule à ce résultat, en si peu de temps.

— C'est Chloé.

Elle entendit du remue-ménage, puis sa voix claire reprit la conversation :

— Tu vas bien ?

— Oui...

— Comment tu as eu mon numéro ?

— Dans les papiers de Georges.

Elle regarda le bureau, autour d'elle. Ce fauteuil n'était pas le sien. Cette place n'était pas la sienne. S'y asseoir lui laissait une impression étrange.

— Tu as eu accès au bar ?

— Oui. En fait... j'en suis la propriétaire, maintenant.

— Quoi ? s'écria-t-il.

— Tu as bien entendu.

— Dingue ! Comment ça se fait ? Georges te l'a légué ?

— Gagné.

Après un moment de silence, il pouffa de rire.

— Donc je suppose que tu m'appelles pour le boulot.

— Tout juste.

— Le bar a rouvert, déjà ?

— Non, pas encore. Justement, j'aimerais que tu fasses la réouverture.

— Sérieux ?

— Oui. Allez, ne te fais pas prier.

— Ah ah ! Moi qui voulais jouer les divas !

— Épargne-moi ça... s'il te plaît. Alors, ça t'intéresse ?

Elle l'entendit rire à l'autre bout du fil. Celui-ci... un sacré numéro.

— Écoute, avec plaisir. J'étais un peu déçu de n'avoir pas pu terminer la dernière fois. Et puis... j'ai toujours un contrat avec le P'tit Clarme. Encore deux représentations. Je sais pas si c'est parce que c'était Georges mais... ça m'a plu de venir faire mes sketches là.

Chloé sauta sur l'occasion.

— Alors que dis-tu de samedi prochain ? Tu es libre ?

— Ouais... ça te laisse quelques jours pour faire un peu de pub.

— Je vais en parler à Éric.

— C'est une idée. Avec le journal, il doit connaître du monde.

— C'est ce que je pensais. Merci.

— À ton service !

— Vraiment, merci. Tu me sauves la mise. Je ne connais aucun autre artiste qui... et bien, qui ait ton succès. Si je veux que ça marche...