Chapitre 9.3 : Nouveaux Débuts

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L'immense manoir s'étendait probablement sur plusieurs centaines de mètres carrés. L'endroit, fabuleux, semblait sorti tout droit d'un film.

Le rez-de-chaussée était orné d'une pergola supportée par des poutres sculptées des mêmes feuilles de vignes que celles de la grille d'entrée. Des rosiers plantés çà et là devant la colonnade qui précédait la maison, égayaient les murs pâles de leurs teintes colorées. Elle leva alors les yeux et aperçut de hautes fenêtres aux premier et deuxième étages, auxquelles étaient parfois suspendues quelques fleurs d'un rouge éclatant. Le soleil couchant trouva le moyen de glisser sous les nuages ses derniers rayons, qui enflammèrent la blanche façade de la villa. Bien qu'onirique, cette vision rappela à Chloé la vision macabre de son passé et la mit mal à l'aise. Elle s'en détourna pour admirer le tracé parfait de l'allée de gravier qui menait à l'entrée, divisant une vaste étendue de gazon fraîchement tondu. L'endroit respirait le calme autant que le luxe. Tout entretenir devait lui coûter une fortune, mais Marc Ridge ne se souciait probablement pas autant qu'elle de l'argent dépensé à cet effet.

Il lui laissa quelques secondes pour admirer la vue, puis souffla :

— Vous êtes ravissante.

Ramenée à la réalité, elle tourna la tête vers Marc, dont le regard gourmand était sans équivoque. Bien que gênée, elle décida de ne plus se laisser démonter par son comportement. En réponse, elle lui adressa son plus sincère sourire.

— Merci. J'ignorais où nous devions aller, peut-être en ai-je fait un peu trop...

— Je ne sais pas si vous en avez trop fait, mais je ne le regrette absolument pas. C'est moi qui ne me sens plus à la hauteur...

Pourtant, le costume qu'il portait lui allait à ravir. Avant qu'elle pût le lui confirmer, il se mit à rire et lui tendit le bras.

— Entrons.

Timidement, elle glissa sa main autour de son bras et se laissa guider à l'intérieur. Curieuse et impatiente, elle dévorait du regard tout ce qui s'offrait à sa vue, sans jamais oublier qu'il se tenait juste à côté d'elle.

Son parfum lui plaisait.

— Pourquoi me faire venir ici ? dit-elle dans un sursaut, avant de se laisser définitivement enivrer par sa présence.

Il prit le temps de la réflexion.

— En vérité, c'est le seul endroit où je me sente véritablement à l'aise, et où je n'aie à rendre de comptes à personne.

Elle releva les yeux vers lui, curieuse.

— Comment ça ?

— Si nous avions dîné en ville, la rumeur se serait très vite propagée et... je préfère vous éviter la curiosité des gens. J'y suis habitué, mais je doute que cela soit votre cas.

Subtile allusion aux paparazzis qui risquaient de le suivre ou de le reconnaître. Chloé n'avait pas songé à cette possibilité et frissonna en imaginant une photo d'eux en une des magazines à potins.

Il la conduisit dans un grand hall où elle le suivit distraitement, admirant une bâtisse aussi immense de l'intérieur qu'elle le paraissait de l'extérieur. La pièce était particulièrement haute de plafond, d'un blanc immaculé, à l'instar de la façade. Quelques peintures d'illustres inconnus ornaient les murs et des fleurs, disposées dans des vases de collection, donnaient un peu de vie à une pièce qui, au premier abord, pouvait paraître froide et vide.

En chemin, Chloé observait scrupuleusement les différents tableaux suspendus, sans en reconnaître aucun ; la peinture n'avait jamais fait partie de ses sujets de prédilection. Elle repéra beaucoup de natures mortes et quelques portraits, plus rares, mais se trouva bien en peine de déterminer si l'une d'elles valait plus que toutes ses possessions.

Le Démon (L'Hybride, livre 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant