Il a conquis la Terre, il a vaincu ses peurs,
Il a tué ses frères et perdu ses couleurs.
Blanc de rage, blanc de peur, il est allé trop loin :
Il oublie peu à peu qu'il a été humain !
Il a ouvert les yeux près du rift éthiopien,
S'est servi de ses mains pour assurer demain ;
Et redressant la tête face à tous les dangers,
Il s'est socialisé et s'est mis à marcher.
Tandis que quelques frères restaient dans leurs foyers,
Ombrés de baobabs et au son des djembés,
Prenant à la nature ce qu'elle peut donner,
Grandissant en dedans, continuant de danser,
Certains ont envahi les steppes de l'Asie,
D'autres ont arraché aux plateaux froids d'Europe
Tout ce qui fait la vie, empilant les abris
Et creusant le sous-sol, myopes comme des taupes !
Et pendant qu'au pays l'homme suivait son cours,
Défiant la nature, souvent vaincu par elle,
Ailleurs cette nature s'est vue prise de court :
Du printemps-hirondelle on a coupé les ailes.
Le blanc a tout rêvé, tout bâti, tout détruit,
Il a fait des promesses et l'instant qui suivit
Laissé dans la détresse tant de peuples amis !
Il est l'enfant rebelle, il s'est voulu génie,
Il s'est fait la part belle, et il a tout trahi,
Ses rêves et ses serments, ses racines, son âme,
Il a brisé le frère, le père, l'enfant, la femme,
S'est repu de leurs drames pour combler ses envies.
Maintenant que le futur fait tomber les frontières,
Que l'Homme se mélange partout sur cette Terre,
Maintenant que le fils a retrouvé le père,
Que le blanc se rappelle de qui il est le frère,
Et puisque les couleurs se mêlent maintenant,
Que toutes les nuances se frôlent et se confondent,
Que l'on peut être fier de ce que peut le monde,
Il est temps à présent de devenir géant !
Nos tours sont des piliers qui soutiennent le ciel ;
Nos villes ont des racines qui se perdent au loin ;
On chevauche le vent, on fend les flots marins ;
On courtise les étoiles, on crée jusqu'au réel !
Comment être si grand et pourtant si petit ?
Pourquoi tant de génie pour ce monde décevant ?
Pourquoi de si grands pas pour s'arrêter ici ?
Pourquoi toutes ces vies jetées dans le néant ?
Quand je vois au collège l'arc-en-ciel si riche
De tant d'individus qui sont mon avenir,
Quand j'en vois tant ici qui s'acharnent au pire,
J'ai envie de crier « Et le meilleur, t'es chiche ? »
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Aubes et crépuscules 1/4
Thơ caToute une vie de poésie ou toute une poésie de la vie : c'est vous qui voyez ! Poésie - De Loeuw Jonathan