Le rat et la lune

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C'est par une nuit d'encre qu'un rat famélique
Entra par hasard en ces lieux :
C'était une cave où un crémier rustique
Affinait la meule avec feu.

Tremblant de désir autant que de terreur,
Il va moustaches frémissantes
Marauder les miettes, démarche hésitante,
Puis fuir terrassé par la peur.

Le ciel ténébreux, attendri par son sort,
Se fendit soudain d'un sourire
Et le trait de clarté, comme sur un trésor,
Une part oubliée fait luire.

Le rat, tenaillé par une faim cruelle,
Balance entre crainte et liesse
Puis, n'y tenant plus, il fond sans frein vers celle
Qui console enfin sa tristesse.

Le sourire là-haut s'élargit un peu plus
Devant tant de joie pour si peu
Et la clarté s'étend sur la table au-dessous
Où trône la meule des dieux !

Dédaignant la miette et le trésor d'hier,
Le rat monte à l'assaut des cieux.
La bouche de la nuit s'arrondit face au fier
Sur un cri d'horreur silencieux.

Lors le rat, méprisant cette prise divine,
Perd le sens et se tend vers les cîmes
Et sautant de joie autant que de folie
S'écrase tout près du tapis.

Le désir sur la peur emporte le combat
Mais il l'emporte aussi sur l'esprit,
Et à vouloir en vain on court à son trépas
En passant à côté de sa vie.

Aubes et crépuscules 1/4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant