Kenjara - les enquêtes de Loc Reyis

Engagement - 8

Pour l'instant le jeune homme accueille cordialement leur invitée et lui offre à boire. Aïna demande :

— Qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu resterais à Cherbier !

— Non. Même si personne ne m'a vraiment fait de reproches, c'était plus simple pour tout le monde que j'aille faire un tour ailleurs quelque temps. Ma famille saura bien s'occuper de ma parcelle. C'est Loc qui m'a conseillé de venir à Assembra pour trouver du travail. Et il fallait que je fasse vite pour arriver avant l'hiver.

— Je vois.

Aïna se met à bouder, le nez dans sa tasse. Elle qui vient de féliciter Loc pour son honnêteté... Tu parles. Il ne dit que ce qu'il a envie de dire, comme toujours. Aucune trace, dans son récit, du fait qu'il ait donné des conseils à Ijja ni qu'il se soit débrouillé pour qu'elle vienne à la capitale.

Loc demande Ijja comment son trajet s'est déroulé, si elle sait où loger... Bref, il est parfaitement amical. L'ancienne soldate semble amusée par la situation et nullement décontenancée. Si bien qu'Aïna n'y tient plus et finit par lancer au milieu de leur conversation :

— Bon sang, Loc, accouche ! Tu sais très bien pourquoi tu l'as fait venir, alors demande-lui et qu'on n'en parle plus !

— J'arrive, j'arrive... Dis-moi Ijja, tu n'as pas encore trouvé de travail, non ?

— Heu... non. Je viens d'arriver, et je suis venue directement. Pourquoi ?

— Et tu pensais faire quoi ?

— Et bien... si jamais mon... si le vol du raingan ne pose pas de problème, je pensais postuler dans la garde. Comme beaucoup d'anciens soldats, j'imagine. Sinon, je trouverai bien...

— Pas les Libellules ?

Elle rit.

— Non. Ce genre de choses, ce n'est pas mon truc.

— Pourtant, tu sais mentir et cacher des choses, en plus de savoir te battre. Tu réfléchis vite et tu es d'une loyauté à toute épreuve. Ce serait plus épanouissant que la garde, non ?

— Alors on en est là..." dit Ijja en souriant.

Ce n'est pas un sourire amical. Davantage un défi, entre combattants, répondant au sourire tout aussi provocant de Loc. Entre eux, Aïna soupire et lève les yeux au ciel. Quel cirque. Ils semblent s'être bien trouvés...

— Je me suis fait prendre et j'ai tout avoué", ajoute Ijja. "A priori, ça ferait plutôt de moi une piètre Libellule, non ?

— Allons, Ijja, on est entre nous ici. Toute l'affaire est classée et Isadora a personnellement passé l'éponge. Tu peux me le dire.

— Je t'ai dit tout ce que j'avais à te dire. A moins que ton orgueil d'inspecteur ne tolère pas que tu puisses te tromper, il va falloir t'y faire.

— Et comment tu expliques alors que...

— Rah, ça suffit !" s'énerve Aïna. "Vous m'agacez tous les deux. Ijja, on sait très bien que c'est Ajja qui a volé les céréales et que tu l'as protégée. Même si on ne sait pas si c'est au nom de votre amitié ou pour te faire pardonner d'avoir pu partir alors qu'elle restait coincée à Cherbier, ou les deux, ou aucun des deux, en tous cas c'est parfaitement évident que tu la couvres. Et Loc, on te voit venir à des kilomètres. Tu peux la provoquer tant que tu veux, au final tu vas quand même lui proposer de travailler avec nous. Tu me tannes pour qu'on embauche un ancien soldat depuis des semaines, et un qui soit intelligent, maintenant qu'on en a une sous la main tu n'as pas l'intention de la laisser partir. Et tu ne m'en as pas parlé avant parce que tu savais que je serais contre.