Chapitre 1

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Et perdue parmi ces gens qui me bousculent

Étourdie, désemparée, je reste là

Quand soudain, je me retourne, il se recule,

Et la foule vient me jeter entre ses bras...

La foule Edith Piaf

Je jetais un énième débardeur dans ma valise

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Je jetais un énième débardeur dans ma valise. J'aurais dû emmener des maillots de bain, du monoï, mon passeport et un guide touristique d'Indonésie ! A la place, des jeans, des débardeurs, des baskets et mes médicaments contre l'anxiété se livraient une lutte sans précédent pour s'encastrer dans le modeste espace vacant à l'intérieur de ma valise pleine à craquer.

-Chérie, tu as vu mon polo rouge ? hurla Grégory.

-Sur le fauteuil, dans le bureau ! criais-je en retour.

-Ah ouais. Merci !

-Et un copain encombrant ! soupirais-je en fermant ladite valise.

-Qu'est ce que tu dis ?

-Rien, je parle toute seule, sursautais-je.

-Tu es mignonne quand tu fais cela, dit-il d'une voix condescendante.

Je n'en revenais toujours pas d'avoir accepter d'annuler mon voyage. Cela faisait deux ans que l'on parlait du voyage de la liberté ! Une virée sans mec, sans impératif, sans cours à réviser ! Une expédition pour célébrer notre liberté retrouvée après des études harassantes.

Un mois avant le départ fatidique –moi qui rêvait d'avoir un peu de temps rien qu'à moi- j'avais reçu un appel qui avait tout changé.

J'étais en train de me préparer un énième café pour tenir ma nuit éveillée. Attablée à l'îlot de la cuisine, je devais impérativement finir le dossier étalé sous mes yeux. Mon portable avait vibré, troublant le calme nocturne. Mon cœur s'était accéléré sans raison apparente. Un pressentiment surement. J'hésitais à répondre, j'étais sur ma lancée et je ne voulais pas perdre le fil de mes idées.

L'importun refusait de s'avouer vaincu. Je regardais le nom sur l'écran. Maman. Je me mordis la lèvre un peu trop fort. Je pouvais imaginer la voix de ma meilleure amie, Cécile, me charrier. « Alors ? Tu ne réponds pas à Môman ? Tu vas perdre ta médaille de petite fille parfaite ! ». Je fermais les yeux et le vibreur s'arrêta. Parfois, je détestais Cécile. Elle avait beau être loin, je la connaissais si bien qu'il m'arrivait d'avoir l'impression que son fantôme me tenait compagnie.

-Et merde, jurais-je à voix basse comme si quelqu'un pouvait m'entendre.

Le rire fantomatique de Cécile me poursuivit alors que je composais le numéro de la maison.

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