Les jours suivants, je me sentais légère comme une plume. Cette sensation grisante me suivait où que j'aille. Je n'avais pas à redouter que Rémi ne me contacte plus. Tous les matins, il prenait de mes nouvelles et tous les soirs, il me souhaitait une bonne nuit. Entre temps, nous parlions de tout et de rien. De nos journées, de nos souvenirs d'enfants, de nos déceptions, de nos espoirs. Notre complicité s'était métamorphosée. Nous nous chamaillons toujours comme des enfants mais nos conversations prenaient un tour plus sérieux, plus personnel.
Nous n'étions plus de simples amis. Je savais tout de sa vie et il savait tout de la mienne, enfin de ce que je pouvais lui confier. Nous avions reparlé quelques fois de son amie d'enfance, mais c'était moi qui avait lancé le sujet pour savoir où il en était. Si au début, il semblait blessé et j'avais eu peur qu'il replonge dans ses filets, à présent, cela semblait être du passé, et il ne l'évoquait rarement.
Je lui avais donné mon adresse mail pour que nous puissions parler tranquillement même lorsque j'étais au travail. J'écoutais d'une oreille notre séminaire sur la motivation, en me retenant de sourire à chaque nouveau mail.
-Dis donc, tu es bien occupée, me chuchota .... assis face à moi.
-Excuse-moi d'avoir du travail, rétorquais-je sans lever les yeux.
Il commençait à me courir sur le haricot et j'en avais marre de feindre l'admiration.
« Comment va ton arrogant collègue ? ».
« Il me gonfle ! Toujours à me déshabiller du regard, je suis sûre que c'est un tordu ! ».
Cela me faisait du bien de me défouler.
« Dis-lui que tu as un mec ! Ou mieux, je n'aurais qu'à venir de chercher à ton travail dès que j'aurais une période moins chargée ».
Entre la perspective qu'il soit « mon mec » et qu'il vienne à Lyon, mon cœur s'affola. J'avais du mal à tenir en place. Mon agitation provoqua quelques regards curieux et je replongeais dans mes mails.
« Voir sa tête pourrait être drôle, mais pour l'instant tu ne peux pas venir ».
« Tu pourrais venir toi. On pourrait passer un weekend tous les deux, comme c'était prévu à la base ? ».
J'avais l'impression d'avoir gagné au loto. Si je m'écoutais, je partirais le soir même.
« Hum... j'imagine que je pourrais me débrouiller le week-end prochain. En faisant quelques heures sup, je pourrais finir aux environs de midi ».
« Parfait ! Tiens-moi au courant, je me débrouillerais pour échanger les weekends et venir te récupérer au train ».
« Pas besoin. Je viendrais en voiture cela sera plus simple. Mais tu n'es pas obligé de bouleverser ton emploi du temps pour moi ».
Je me mordis la lèvre dans l'attente de sa réponse.
« Ok, comme tu préfères, mais ouais ça serait mieux comme ça, pas besoin de regarder l'heure. Ne t'inquiète pas, si je te le propose, c'est que ça ne me dérange pas. Je te vois rarement, autant en profiter 😉 ».
Je sentis mes pommettes rosirent et je plongeais le nez dans mon verre d'eau. Ma gorge était en feu et je fus soulagée d'avoir opté pour une chemisette sans décolleté.
« Je te tiens au courant. Faut que je me concentre. A plus ».
Je quittais mes mails avant que mon trouble n'attire l'attention de mes collègues. Le séminaire s'étirait en longueur maintenant que je ne pouvais plus discuter avec Rémi. Je ne cessais de l'imaginer, assis avec nous, adossé à la fenêtre, faisant une entrée remarquable pour m'extirper de là, enroulant son bras autour de ma taille pour éloigner ...
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Obsession
Bí ẩn / Giật gânJusqu'où iriez-vous par amour? Ce fut d'abord une lueur, puis une flamme grisante, qui enflamme qui embrase tout mon être.Il semblait être tout ce que je voulais, même ce que je ne n'osais espérer. Et vous qu'auriez-vous fait à ma place? Pour ceux...